Depuis plusieurs semaines, une tempête judiciaire secoue l’île Maurice. Au cœur de cette affaire : Mamy Ravatomanga, influent homme d’affaires malgache, patron du groupe Sodiat et figure incontournable du monde économique de la région. Tout commence lorsque la Financial Crime Commission (FCC), l’équivalent du service anticorruption mauricien, ouvre une enquête à son encontre pour blanchiment d’argent.
Mais cette procédure, déjà explosive, prend une tournure inattendue : les avocats du milliardaire — venus de Paris et de New York — affirment que l’enquête serait illégale. Selon eux, le chef actuel de la FCC, Sanjay Dawoodarry, n’aurait plus de contrat valide depuis septembre, ce qui rendrait toutes ses actions « nulles et non avenues ». Ils demandent donc à la justice d’annuler l’intégralité du dossier, y compris les preuves déjà recueillies.
Face à ces accusations, le gouvernement mauricien riposte par la voix de Gavin Glover, l’Attorney General. Celui-ci assure que Sanjay Dawoodarry a bien été reconduit dans ses fonctions par le président de la République, ce qui rend la procédure parfaitement légale. La FCC publie même un communiqué officiel confirmant que l’enquête se poursuit normalement.
Un homme d’affaires sous haute surveillance médicale
Pendant que la bataille juridique fait rage, Mamy Ravatomanga reste hospitalisé à la clinique Premium Care de Phoenix. Souffrant de problèmes cardiaques, il est surveillé de près par une équipe médicale. Les autorités mauriciennes attendent son rétablissement pour pouvoir l’interroger sur une somme estimée à plus de 7 milliards de roupies mauriciennes — environ 150 millions d’euros — dispersée sur plusieurs comptes bancaires.
Mais les soupçons ne s’arrêtent pas là. Le nom du milliardaire refait surface dans l’affaire du bois de rose de 2011, lorsque des conteneurs remplis de ce bois précieux — dont l’exportation est strictement interdite — avaient été saisis à Port-Louis. Il est également cité dans une enquête portant sur la vente de cinq avions à l’Iran, à une époque où le pays faisait l’objet de sanctions internationales.
Le mystère du jet privé
Plus récemment, une nouvelle enquête vient encore alourdir le dossier : celle de l’arrivée de son jet privé à Maurice. Cet appareil, appartenant à sa société Trans Ocean Airways, aurait atterri sans autorisation officielle. Selon les premiers éléments, le vol aurait bénéficié d’un feu vert administratif malgré un refus initial des autorités de l’aviation civile.
Des échanges d’e-mails entre Jet Prime Ltd et Trans Ocean Airways ont été saisis et sont actuellement analysés par la police. Le jet, lui, est immobilisé sur le tarmac de l’aéroport international, le temps que la lumière soit faite sur cette arrivée controversée.
Un duel entre pouvoir et influence
Au-delà des aspects techniques et juridiques, cette affaire révèle un affrontement symbolique : celui d’un État déterminé à faire respecter la loi, face à un magnat soutenu par des avocats de renommée mondiale et un réseau d’influence puissant.
Le public, lui, observe avec une curiosité mêlée de scepticisme cette confrontation entre justice et argent, entre pouvoir politique et puissance économique.
La question que tout le monde se pose désormais est simple :
👉 La justice est-elle la même pour les riches et pour les pauvres ?
Quand un simple citoyen commet une faute, il est souvent jugé rapidement. Mais quand il s’agit d’un milliardaire entouré d’experts juridiques internationaux, la justice semble s’étirer à l’infini.
Faut-il renforcer les lois pour garantir une égalité réelle devant la justice ? Ou bien la puissance financière restera-t-elle le dernier mot dans les grandes affaires internationales ?
À Maurice comme ailleurs, cette affaire devient un test de crédibilité pour les institutions. Le monde entier observe, curieux de savoir qui, du droit ou de la fortune, aura le dernier mot.






















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