Économie circulaire des plantes aromatiques et médicinales : un filon réunionnais peu exploité

À La Réunion, une richesse naturelle se trouve sous-estimée : les PAPAM — plantes À Parfums, Aromatiques et Médicinales. Longtemps considérées comme des cultures marginales, elles sont aujourd’hui au cœur d’une dynamique de bioéconomie tropicale. Grâce notamment au projet régional EXCELLENCE BIOECOI, la filière s’organise et pourrait devenir un véritable moteur de valeur ajoutée pour l’île.

Un potentiel naturel et patrimonial

La Réunion compte plus de 223 espèces végétales endémiques dans un territoire de 2 500 km². Parmi elles, 19 plantes locales ont déjà été inscrites à la pharmacopée française, donnant une base officielle au savoir-faire traditionnel.
La filière PAPAM englobe la culture de plantes comme le géranium bourbon (utilisé en parfumerie de luxe), le curcuma, l’arrow-root, ou encore les plantes médicinales cueillies par des « tisaneurs ».

Cependant, malgré un fort potentiel — et une réputation internationale pour certaines huiles essentielles — la filière reste fragmentée, peu mécanisée, et souffre d’un manque de rentabilité face à la concurrence des pays à faibles coûts de production.

Vers une économie circulaire péi

L’économie circulaire dans ce contexte signifie : valoriser non seulement la matière première, mais aussi sa transformation locale, réduire les importations, créer de la valeur ajoutée sur place, et intégrer les filières dans un schéma durable.
Le projet EXCELLENCE BIOECOI, porté par Qualitropic, s’inscrit pleinement dans cette logique : structurer la filière, favoriser l’innovation, mettre en réseau les acteurs de l’océan Indien pour qu’ils montent en compétences et en valeur.

Des opportunités concrètes pour l’île

• Label valorisé : Le géranium bourbon de La Réunion intègre désormais des parfums de luxe internationaux via la coopérative CAHEB, créant un lien direct entre le terroir réunionnais et les marchés haut de gamme.
• Diversification agricole : Certaines exploitations agroécologiques introduisent les PAPAM en complément d’activités diversifiées, ce qui permet d’optimiser la ressource foncière et d’accroître la résilience.
• Recherche et innovation : Via l’APLAMEDOM (APLAMEDOM), l’Université de La Réunion et le CYROI collaborent pour mieux caractériser les plantes et leur potentiel thérapeutique ou industriel.

Obstacles à surmonter

Malgré ces atouts, plusieurs défis freinent l’essor de la filière :

• Main-d’œuvre élevée, conditions de production difficiles (pentes de cultures, climat tropical).
• Concurrence internationale : certains producteurs européens ou asiatiques assurent des coûts moindres.
• Besoin de mécanisation, structuration de la filière, investissements en transformation locale.
• Il faut aussi assurer une qualité constante, une traçabilité forte et un accès aux marchés.

Pourquoi investir dans cette filière maintenant ?

Parce que l’économie circulaire et la valorisation régionale deviennent des exigences globales. En investissant dans les PAPAM, La Réunion peut :

• créer des emplois durables dans des zones rurales,
• renforcer son image de marque terroir,
• réduire la dépendance aux importations,
• faire émerger des produits haut de gamme à forte valeur ajoutée,
• inscrire le territoire dans la dynamique régionale de l’océan Indien et de la bioéconomie.

La filière PAPAM à La Réunion n’est pas un simple accessoire agricole : c’est une opportunité stratégique de transition vers une économie plus circulaire, plus locale, plus résiliente.
Pour que cette transition réussisse, il faudra combiner innovation, structuration, marché et valeurs. Mais l’île a tous les ingrédients pour transformer ce filon en réussite péi.