La condamnation de Marine Le Pen à cinq ans d’inéligibilité a provoqué une onde de choc dans la vie politique française. Tandis que ses partisans expriment leurs inquiétudes et que ses opposants saluent une application stricte de la loi, cette décision judiciaire soulève des interrogations sur ses implications politiques et son timing.
1. Un verdict aux répercussions majeures
Le 31 mars 2025, le tribunal judiciaire de Paris a condamné Marine Le Pen à quatre ans de prison, dont deux avec sursis sous bracelet électronique, 100 000 euros d’amende, et cinq ans d’inéligibilité avec effet immédiat. Cette condamnation s’inscrit dans l’affaire des assistants parlementaires européens du Rassemblement National, où il lui était reproché un détournement de fonds publics.
L’exécution immédiate de la peine, bien que légale, a suscité des débats. Certains observateurs y voient une stricte application du droit, tandis que d’autres questionnent l’opportunité de cette décision à deux ans de l’échéance présidentielle.
2. Un bouleversement stratégique pour 2027
L’éviction de Marine Le Pen de la course présidentielle oblige le Rassemblement National à redéfinir son avenir politique. Plusieurs scénarios sont envisagés :
- Jordan Bardella, président du RN, apparaît comme le successeur naturel. Son jeune âge et sa notoriété sont des atouts, mais son ancrage auprès des électeurs traditionnels du parti reste à confirmer.
- Un soutien indirect de Marine Le Pen, via des prises de position stratégiques, pourrait jouer un rôle clé dans la campagne.
- L’émergence de nouveaux visages au sein du RN, réorganisant la stratégie du parti pour l’échéance de 2027.
3. Des interrogations sur une possible instrumentalisation
Si le gouvernement rappelle l’indépendance de la justice, certains acteurs politiques estiment que cette décision intervient à un moment clé du calendrier électoral.
- Plusieurs personnalités de droite et d’extrême droite dénoncent un « procès politique » visant à écarter une figure majeure de l’opposition.
- À l’international, des réactions évoquent une instrumentalisation judiciaire, bien que cette thèse ne repose sur aucun élément factuel avéré.
- D’autres soulignent que Marine Le Pen a eu droit à un procès équitable et que la condamnation repose sur des faits établis.
4. Une réaction populaire et institutionnelle
Cette condamnation suscite des débats et des tensions au sein de l’opinion publique :
- Une pétition appelant à une réforme du système judiciaire a recueilli plusieurs centaines de milliers de signatures.
- Des manifestations ont été organisées par des sympathisants du RN dénonçant une justice perçue comme politisée.
- Un sondage récent indique que 62 % des Français estiment que la justice est influencée par des considérations politiques.
Conclusion : Vers une présidentielle sous haute tension
Que cette condamnation soit perçue comme une application stricte du droit ou une décision controversée, elle transforme profondément la dynamique de l’élection présidentielle de 2027. Le Rassemblement National doit adapter sa stratégie, tandis que le paysage politique français s’apprête à vivre une campagne inédite.
Marine Le Pen trouvera-t-elle une façon de peser sur la campagne malgré son inéligibilité ? Jordan Bardella pourra-t-il maintenir la dynamique du RN ? Un outsider émergera-t-il pour rebattre les cartes ?
Autant de questions qui feront de 2027 une élection à haut risque.
Et vous, quel regard portez-vous sur cette décision et ses conséquences ? Partagez votre avis en commentaire !
Marine Le Pen, députée à l’assemblée européenne, a recruté pendant de nombreuses années, des assistants parlementaires. Chacun d’eux, lors de son mandat, a effectué la tâche qui lui était confiée au parlement européen; mais n’étant pas lent d’esprit, chacun a meublé le temps qui lui restait à s’occuper du parti de sa patronne. Du reste, Marine Le Pen ne voulait pas que son assistant se tournât les pouces, bayât aux corneilles, elle l’a invité à régler quelques problèmes pour son parti, sachant que l’oisiveté est la mère de tous les vices. Sage résolution ! Je l’approuve totalement; et pourtant je n’ai jamais voté pour elle et je ne l’envisage nullement. Tout simplement, comme elle, je veux qu’une loi soit aussi conforme à la légitimité, au simple bon sens.
Voyons un instant cette décision de justice d’une iniquité à son plus haut degré, d’une iniquité paroxystique. Marine Le Pen n’a pas détourné un seul euro des fonds européens. Ses assistants parlementaires ont tous réalisé leur mission pour l’Europe et ils ont tout simplement meublé le temps qui restait à d’autres choses. Evidemment, l’assistant parlementaire, lent d’esprit, presque bradypsychique trouve son travail terriblement exténuant; il trime rudement à faire sa tâche; il se sent comme un autre Sisyphe. C’est tout a fait compréhensible quand on sait que, pour exercer cette profession, le niveau du certificat d’études primaires suffit; et, dès lors, le député européen peut embaucher sa maîtresse, son fils, sa fille, ou son cousin germain ou non. Cette loi est loin d’être conforme au bon sens, n’en déplaise à un magistrat de Grenoble qui approuve le verdict émis à l’encontre de Marine Le Pen.
Dieu merci, la plupart des juges présentent des verdicts conformes à la légitimité, au bon sens, corrigent courageusement quelques lois des parlementaires et enrichissent la jurisprudence. Le fameux Dalloz, recueil des lois et décrets, est remis à jour tous les ans. Oui, chaque année, pour le bonheur des juges et des avocats, le Dalloz nouveau est arrivé tout comme le beaujolais nouveau est arrivé, lequel fait la joie des fins gourmets. Finalement, grâce à la jurisprudence, la barque de notre Marianne nationale est battue par les flots mais ne sombre pas; pour la circonstance, la devise pour Paris convient à notre Marianne : fluctuat nec mergitur.
Voyons enfin cette décision de justice qui a frappé durement Marine Le Pen et son parti, le Rassemblement National. C’est un séisme qui a été ressenti sur toute notre planète : le Kremlin a réagi, la Maison blanche aussi. Un séisme d’une violence jamais connue; celui que Pline le Jeune raconte à Tacite n’a dévasté que la région du Vésuve. Quant à Marine Le Pen, on lui inflige la mort politique : interdiction de briguer un mandat public pendant cinq ans avec effet immédiat; on lui a fait boire moralement la ciguë; pour Socrate, il a bu ce breuvage réellement, et il s’est ensuivi ce qui devait fatalement s’ensuivre.
La Cour d’Appel, en raison du séisme ressenti sur toute la planète, annonce que le sort de Marine Le Pen sera réexaminé assez rapidement. Quel sera le nouveau verdict ? Nul ne le sait. Seulement, moi, petit journaliste participatif, j’ose marcher sur les pas de la brillante journaliste de son temps, Geneviève Tabouis : elle commentait le passé avec clarté et jetait un œil sur ce qui devait arriver : “Attendez-vous à savoir que” … et elle ne se trompait jamais.
Oui, je marche sur ses pas. Et j’ose dire, comme elle et suivant ses propres termes : attendez-vous à savoir que la Cour d’Appel permettra à Marine Le Pen d’être candidate à l’élection présidentielle prochaine et qu’elle sera au premier tour, mais qu’au second tour, la gauche et la droite s’unissant, c’est le dauphin d’Emmanuel Macron qui sera élu président de la République Française.
Finalement, pour conclure disons que la messe est dite : ite missa est.
A Grenoble, le 4 avril 2025
Gérard Jeanneau, professeur de lettres classiques, toujours en activité à l’Université de Louvain
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