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Des contrôles plus ciblés de la CAF pour traquer les fraudes à La Réunion

À La Réunion, la lutte contre la fraude aux prestations sociales s’est nettement intensifiée ces dernières années. Dès 2021, la Caisse d’allocations familiales (CAF) a renforcé ses dispositifs de contrôle pour faire face à l’ampleur du phénomène. Cette année-là, pas moins de 5 200 contrôles ont été réalisés sur l’île, mettant en évidence un préjudice de sept millions d’euros. Ces investigations ont conduit à la notification de 1 340 fraudes, avec, à la clé, le dépôt de 185 plaintes à l’encontre des allocataires indélicats.

La procédure de contrôle s’inscrit dans un cadre légal strict. Les agents de la CAF se rendent directement au domicile des bénéficiaires pour vérifier l’exactitude des déclarations. Ces visites sont systématiquement précédées d’un avis envoyé à la personne concernée, afin qu’elle puisse rassembler les documents justificatifs exigés. Il ne s’agit donc pas de descentes inopinées, mais bien d’une vérification encadrée, laissant à chacun le soin de défendre sa situation.

Les sanctions encourues varient en fonction de la nature et de la gravité des irrégularités constatées. Elles vont du simple avertissement à des pénalités financières conséquentes. Dans les cas les plus graves, des poursuites pénales sont engagées, pouvant mener à des condamnations judiciaires. La CAF ne fait plus preuve d’aucune tolérance : la totalité des fraudes caractérisées est désormais sanctionnée, sans exception.

Au-delà de l’aspect répressif, l’institution insiste sur le rôle préventif et éducatif de ces opérations. L’objectif est aussi d’informer les allocataires sur leurs droits réels et de les orienter vers les aides auxquelles ils peuvent prétendre légitimement. Le contrôle devient ainsi un outil de clarification autant qu’un levier de justice sociale. Dans un département où près d’un tiers des habitants est allocataire de la CAF – soit près de 285 000 personnes –, la rigueur dans la gestion des aides publiques est cruciale.

La dynamique de contrôle engagée en 2021 s’est poursuivie en 2024, avec des mesures renforcées à l’échelle nationale comme locale. Face à la progression des cas détectés et à la pression sur les finances publiques, l’institution n’a eu d’autre choix que de durcir le ton. L’enjeu n’est pas seulement budgétaire : il s’agit aussi de préserver l’équité entre les citoyens et la crédibilité du système de solidarité.

La situation dans l’Hexagone

La France entière n’échappe pas à ce phénomène. En 2024, la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) a enregistré un niveau inédit de fraudes détectées : 450 millions d’euros, en hausse de 20 % par rapport à 2023. Près de 49 000 fraudes caractérisées ont été recensées cette même année, à la suite de 30 millions de contrôles, dont une partie automatisée par croisement de fichiers avec France Travail ou la Direction générale des finances publiques. Cette stratégie de détection croisée permet un ciblage plus précis et efficace.

Néanmoins, ces fraudes détectées restent marginales en proportion : elles ne représentent que 3 % des quelque 100 milliards d’euros de prestations versées chaque année par les CAF. En parallèle, les contrôles ont permis de corriger 1,68 milliard d’euros de versements à tort, qu’ils soient dus à des erreurs, des oublis ou des déclarations inexactes.

Les risques encourus

Les sanctions à l’encontre des fraudeurs sont aujourd’hui systématiques et renforcées. Toute fraude détectée entraîne le remboursement des sommes indûment perçues – appelées “indus”. S’ajoute une pénalité administrative, équivalente à 10 % du montant fraudé. Depuis 2025, les sanctions peuvent être cumulatives : en cas de fraude grave, la procédure administrative se double d’une action pénale, pouvant mener à une amende voire à une peine d’emprisonnement.

La lutte contre la fraude sociale s’inscrit ainsi dans une politique plus large de responsabilisation des allocataires. Elle vise à restaurer la confiance dans les dispositifs d’aide tout en garantissant leur pérennité. À La Réunion comme dans l’Hexagone, l’État affiche désormais une fermeté sans ambiguïté. Le message est clair : les prestations sociales sont un droit, mais leur obtention exige transparence et probité.

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