Ce samedi 27 septembre, devant le tribunal du Champs Fleuri à Saint-Denis, la diaspora malgache de La Réunion a répondu à l’appel à la solidarité lancé en faveur de la jeunesse de Madagascar. Ce rassemblement fait écho aux mobilisations organisées sur la Grande Île par la Gen Z Madagascar, mouvement citoyen né d’une génération qui refuse le silence face à la répression et aux privations quotidiennes.
Une jeunesse qui se lève pour ses droits
Le 25 septembre dernier, la Gen Z organisait son premier grand rassemblement en terre malgache. Un mouvement qui insiste sur son caractère citoyen et non politisé : « On ne veut pas d’appropriation politique, c’est un rassemblement par les citoyens pour les citoyens », rappellent ses membres.
Les revendications sont claires : l’accès à l’eau et à l’électricité, une éducation digne, un avenir viable. Des droits fondamentaux bafoués, alors même que le président malgache affirmait à l’ONU que le pays avait réglé son problème énergétique et connaissait de grandes avancées. Sur le terrain, la population endure des délestages allant jusqu’à 12 heures par jour, privant les familles de lumière, d’eau et de scolarité continue.
Revendications citoyennes et répression brutale
Dès le premier rassemblement du 25 septembre, le ton a été donné : des milliers de jeunes réclament un avenir digne, un accès à l’eau et à l’électricité, ainsi qu’un enseignement de qualité. La réponse de l’État a été immédiate et violente. Témoignages à l’appui, des arrestations arbitraires ont eu lieu, accompagnées de tirs à balles réelles. Des maisons privées ayant accueilli des manifestants ont été prises pour cible, et certaines écoles transformées en « cliniques de survie » improvisées pour soigner les blessés. Des nourrissons auraient même perdu la vie, victimes des gaz lacrymogènes lancés dans des habitations.
Le samedi 27 septembre, lors du deuxième rassemblement, la situation a encore dégénéré. Avant même le début officiel de la manifestation, des tirs ont visé de jeunes arrivants sur les lieux. D’autres manifestants, assis pacifiquement par terre, pancartes et fleurs à la main, ont également été la cible de tirs à balles réelles. Cette répression disproportionnée choque et souligne le contraste frappant entre les revendications pacifiques de la jeunesse et la brutalité de la réponse étatique.
La stratégie de la peur et de la manipulation
Au-delà des violences, une autre menace plane : celle de la manipulation. Plusieurs sources affirment que des pilleurs ont été payés et protégés pour vandaliser commerces et habitations. Les images de gendarmes escortant ces casseurs alimentent la colère : pour beaucoup, il s’agit d’une stratégie du pouvoir pour décrédibiliser le mouvement, puis accuser la jeunesse d’avoir semé le chaos.
Un témoin résume : « Ils veulent que le peuple croie que descendre dans la rue n’apporte que le désordre, pour ensuite promettre de tout reconstruire. » Une logique décrite dans L’Art de la guerre de Sun Tzu, citée par certains participants, qui y voient une tentative de propagande par la peur.
Une solidarité qui traverse les frontières
Face à cette situation, la diaspora malgache s’organise. À La Réunion, mais aussi en France hexagonale et au Canada, des rassemblements citoyens fleurissent pour amplifier la voix de la jeunesse. « Le combat sera long mais nous y arriverons », martèlent les manifestants.
À Saint-Denis, la fille d’une participante a pris la parole pour rappeler que cette lutte est avant tout humaine et universelle : « Nous ne pouvons pas fermer les yeux. Ce qui se passe là-bas est une atteinte à la dignité, et nous avons un devoir de solidarité. »
Une génération insaisissable
La Gen Z malgache a choisi une stratégie atypique : pas de leader unique, pas de figure à abattre. « Chaque jeune est maître du jeu. Il ne s’agit pas de remporter une partie mais de faire échec au roi », explique un message relayé dans la foule. Cette horizontalité rend le mouvement difficile à récupérer politiquement, mais aussi difficile à étouffer.
En chantant, en brandissant des pancartes ou simplement en occupant l’espace public, ces jeunes rappellent que leur combat dépasse la politique : il s’agit de survie, d’avenir et de justice.
Un écho puissant à La Réunion
Pour les Réunionnais présents au Champs Fleuri, ce rassemblement symbolise l’importance du lien entre îles sœurs. Au-delà de la dénonciation, c’est une invitation à la vigilance et à la solidarité. La diaspora entend utiliser la force des réseaux sociaux pour que chaque témoignage, chaque vidéo, circule et empêche le silence.
La mobilisation du 27 septembre restera comme un moment fort : celui où la jeunesse malgache a trouvé un écho dans les rues de Saint-Denis, prouvant que son combat résonne bien au-delà des frontières.
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