Un clic, un flash, un post.
Aujourd’hui, n’importe qui peut devenir photographe de l’instant.
Sur le terrain, les smartphones rivalisent avec les appareils professionnels. Mais derrière la facilité de capturer, une question se pose : que devient le photojournalisme à l’heure de l’image instantanée ?
Quand tout le monde devient témoin
Autrefois, il fallait un œil, du matériel et un passe-presse.
Aujourd’hui, un smartphone suffit pour documenter un événement, un accident ou une manifestation.
👉 Sur les réseaux, les “citoyens-reporters” inondent la toile d’images souvent brutes, sans filtre… ni vérification.
Résultat : l’image d’actualité échappe au contrôle éditorial.
L’émotion prend le pas sur la précision. Le cliché devient viral avant même d’être contextualisé.
Le photoreportage, un art en mutation
Pour Yannis Dambreville, photographe réunionnais, “le smartphone n’est pas l’ennemi, c’est un outil. Mais il ne remplace pas la démarche journalistique”.
Derrière chaque image, il rappelle l’importance de :
- vérifier le contexte,
- respecter la dignité des personnes photographiées,
- raconter une histoire, pas juste capturer un instant.
La force d’un photoreportage réside dans le regard du photographe, pas dans la définition du capteur.
Entre liberté et éthique
La frontière est fine entre témoignage et voyeurisme.
Publier une image, c’est déjà interpréter le réel.
Et quand tout se joue en quelques secondes sur Instagram ou X, le risque de dérive augmente :
📸 images hors contexte,
📸 absence d’autorisation,
📸 manipulation émotionnelle.
Le défi, pour les journalistes d’image, c’est donc de rester garants du sens, dans un monde où chacun publie sans recul.
À La Réunion, un terrain d’observation unique
Sur l’île, les smartphones ont aussi démocratisé la parole visuelle.
Les cyclones, les concerts, les faits divers… tout est documenté en direct.
Mais certains photographes réunionnais réinventent le genre : ils mêlent authenticité et narration, privilégiant les séries documentaires aux clichés sensationnels.
Des collectifs comme Karo K, ou des indépendants tels que Sandy Boyer ou Cyrille Deroche, montrent qu’il est encore possible de concilier instantané et profondeur.
Non, le photojournalisme n’est pas mort.
Il se transforme, se décloisonne, s’adapte.
La différence ne tient plus à l’appareil, mais au regard.
Le smartphone capture.
Le photographe, lui, témoigne.





















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