Près de vingt ans après la crise sanitaire qui avait marqué durablement les esprits, le chikungunya refait parler de lui à La Réunion. En 2005-2006, plus d’un tiers de la population avait été touchée par cette épidémie historique. En 2025, l’île a connu une deuxième vague majeure, rappelant à quel point les maladies vectorielles restent une menace réelle dans notre territoire tropical.
Dans ce contexte, Santé publique France (SpF) et l’Agence Régionale de Santé (ARS) La Réunion annoncent le lancement d’une enquête inédite auprès de la population. Objectif : évaluer le niveau d’immunité collective face au virus chikungunya et mieux comprendre les risques de résurgence dans les années à venir.
Une étude de séroprévalence pour mieux comprendre le virus
Cette enquête repose sur une étude de séroprévalence, une méthode scientifique qui consiste à rechercher la présence d’anticorps dans le sang. Ces anticorps révèlent si une personne a déjà été infectée par le virus, même en l’absence de symptômes.
En pratique, cela permettra aux autorités sanitaires de :
- Mesurer la part de la population déjà infectée, lors de la première grande épidémie ou de la vague récente.
- Évaluer le niveau actuel d’immunité collective, indispensable pour estimer les risques d’une nouvelle propagation.
- Mieux cibler les actions de prévention, notamment dans les zones ou les tranches d’âge où la protection immunitaire est la plus faible.
Une maladie toujours d’actualité dans les régions tropicales
Le chikungunya n’est pas une maladie du passé. Transmis par les moustiques tigres (Aedes albopictus), le virus circule encore régulièrement dans de nombreuses régions du monde. Les symptômes, bien que rarement mortels, peuvent être très invalidants : fortes fièvres, douleurs articulaires persistantes, fatigue extrême.
À La Réunion, où l’écosystème et le climat favorisent la prolifération du moustique, la vigilance reste de mise. Les autorités sanitaires rappellent que la lutte contre les gîtes larvaires – ces petites poches d’eau stagnante où les moustiques pondent – reste le geste le plus efficace pour limiter la transmission.
Anticiper les futures épidémies
L’étude lancée par SpF et l’ARS s’inscrit dans une démarche proactive. Comprendre le niveau d’immunité collective, c’est aussi anticiper la vulnérabilité de la population et mieux se préparer aux futures flambées épidémiques.
Pour les Réunionnais, il s’agit aussi d’un rappel : la santé publique est une responsabilité collective. Chaque geste compte, qu’il s’agisse d’ouvrir ses fenêtres pour éviter les moustiques dans la maison, de vider les coupelles d’eau stagnante, ou de participer aux campagnes de prévention.
Le chikungunya fait partie de ces maladies qui laissent une empreinte durable dans la mémoire collective de La Réunion. Mais il ne s’agit pas seulement d’un souvenir : c’est une menace bien réelle. Grâce à cette enquête de séroprévalence, les autorités sanitaires espèrent mieux protéger la population et renforcer la résilience de l’île face à ce fléau.
Prévenir, surveiller, agir : telle est la clé pour éviter que l’histoire ne se répète.
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