Alors que le régime algérien pointe du doigt son voisin marocain, une nouvelle vague de colère monte dans ses propres rues. Portée par la jeunesse connectée — la « GenZ213 » — cette contestation s’annonce comme un écho du Hirak de 2019, symbole d’un espoir inachevé.
Un retour de flamme du Hirak
Six ans après la chute d’Abdelaziz Bouteflika, l’Algérie se retrouve face à ses vieux démons : chômage record, inflation galopante, corruption persistante. Ce vendredi 3 octobre, un mouvement anonyme, « GenZ213 », a appelé les jeunes à manifester « pacifiquement après la prière du vendredi » dans plusieurs wilayas.
Sur les réseaux sociaux, TikTok et X en tête, les vidéos se multiplient : des visages jeunes, des mots simples — « dignité », « travail », « liberté ».
Le régime contre-attaque
Anticipant le mouvement, les autorités ont déployé un dispositif sécuritaire massif à Alger. Les points stratégiques de la capitale sont quadrillés, les arrestations préventives se multiplient.
Dans le même temps, l’agence de presse officielle APS a publié un texte accusant les « médias marocains » d’attiser les tensions, affirmant que ces appels « ne relèvent pas de revendications sociales mais d’une tentative d’atteinte à la cohésion nationale ».
Un discours rodé : celui du complot extérieur, déjà utilisé pour décrédibiliser le Hirak.
Une jeunesse étranglée
La génération Z algérienne vit dans un pays où le chômage dépasse 30 %, où l’inflation mine le pouvoir d’achat et où les pénuries s’enchaînent : lait, eau, pneus, logement…
Les promesses d’un État social s’effritent, tandis que la rente pétrolière ne suffit plus à masquer les fractures.
« Nous ne sommes pas manipulés, nous voulons juste vivre dignement », peut-on lire dans les messages viraux qui circulent malgré la censure.
Tebboune, symbole d’un changement illusoire
Depuis 2019, les visages ont changé, mais le système reste verrouillé. Abdelmadjid Tebboune, élu dans des conditions contestées, gouverne toujours sous le regard attentif de l’armée.
La méfiance populaire s’accentue, alimentée par la répression et les inégalités sociales. Les jeunes, massivement connectés, refusent la peur et s’organisent en ligne.
Un rendez-vous incertain avec l’histoire
Le mouvement GenZ213 parviendra-t-il à ranimer la flamme du Hirak ?
Les observateurs restent prudents : certains rappellent que le régime n’a jamais hésité à briser les mobilisations dans l’œuf ; d’autres estiment que la situation socio-économique actuelle rend l’explosion sociale inévitable.
L’appel à marcher jusqu’à El-Mouradia, le palais présidentiel, marque une rupture symbolique : si les cortèges atteignent ce lieu, le séisme politique pourrait être majeur.
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