Après une année d’interruption, le titre de la Saucisse d’Or a finalement été décerné, malgré l’annulation officielle du concours qui, chaque année, attirait l’attention des amateurs de charcuterie de La Réunion. Pour l’édition 2025, c’est la boucherie charcuterie Gérard, située à Saint-Benoît, qui s’est vu attribuer cette distinction. L’établissement avait déjà remporté le titre en 2022.

Contrairement à l’idée d’un concours classique, la Saucisse d’Or ne repose pas sur une inscription volontaire. Il s’agit plutôt d’un comparatif anonyme. Quinze charcuteries sont sélectionnées et visitées à l’improviste, sans avertissement préalable. Les produits dégustés sont ceux du quotidien, proposés à n’importe quel client, et non des échantillons préparés spécialement pour la compétition. Le jury, composé de professionnels et de journalistes, évalue les saucisses selon un protocole strict : cuisson à l’eau pendant vingt minutes, suivie d’une friture simple, avant une dégustation à l’aveugle.

Ce mode d’évaluation met en valeur la régularité du savoir-faire artisanal, soumis aux aléas du quotidien : fatigue des artisans, disponibilité des ingrédients, variations dans l’approvisionnement en viande. Il valorise la capacité des professionnels à maintenir un niveau de qualité constant, quelles que soient les contraintes.

À Saint-Benoît, la boucherie Gérard s’est distinguée par la constance et la qualité de son produit. Fondée et dirigée par Gérard Jasmin, l’entreprise bénéficie d’une longue expérience dans le domaine de la charcuterie artisanale. Malgré une retraite initialement annoncée pour 2024, le boucher est toujours aux commandes, soutenu par son gendre, Samuel Fantaisie, et une équipe aujourd’hui composée de seize salariés, dont trois sont exclusivement dédiés à la fabrication des saucisses.

Depuis l’obtention de son premier titre, l’établissement vendait environ 800 kilos de saucisses par semaine. Avec cette nouvelle reconnaissance, il espère franchir le seuil symbolique de la tonne hebdomadaire.

L’impact de cette distinction est réel : au-delà de la visibilité offerte par la presse locale, elle contribue à renforcer la fidélité de la clientèle et peut même, dans certains cas, sauver des artisans en difficulté économique.