Depuis le 27 septembre, le Maroc vit au rythme d’un mouvement social inédit, porté par la jeunesse et coordonné autour d’un mystérieux collectif baptisé GenZ 212. Dans de nombreuses villes du royaume, les manifestations se multiplient, mêlant colère sociale, revendications pour des services publics dignes et tensions croissantes avec les forces de l’ordre. En moins d’une semaine, trois personnes ont trouvé la mort, des centaines ont été blessées, et plus de 400 interpellations ont été recensées.
Un mouvement inédit : GenZ 212
Né sur les réseaux sociaux et structuré autour d’un serveur Discord regroupant plus de 150.000 membres, le collectif GenZ 212 incarne la mobilisation d’une génération de jeunes Marocains âgés de 18 à 34 ans. Son nom fait référence à la « Génération Z » et à l’indicatif téléphonique du Maroc, +212.
Le groupe revendique un ancrage patriotique, en affirmant son attachement au pays et au roi, tout en exigeant des améliorations concrètes :
- un accès digne à la santé,
- une éducation de qualité,
- une lutte réelle contre la corruption.
Une carte interactive des manifestations a même été mise en ligne via le site Moroccan Youth Voice afin de coordonner les rassemblements.
Des manifestations pacifiques qui dégénèrent
Si les organisateurs insistent sur le caractère pacifique des manifestations, les derniers jours ont été marqués par une escalade de violence.
- À Lqliaâ, près d’Agadir, trois personnes ont été tuées par la gendarmerie après avoir tenté de prendre d’assaut une brigade locale et incendié un bâtiment.
- À Sidi Bibi, des bureaux municipaux ont été brûlés, entraînant de nouveaux heurts.
- À Oujda, Inzegane, Casablanca, Marrakech, Meknes, Rabat et Tawunat, les forces de l’ordre sont intervenues massivement, procédant à des dizaines d’arrestations.
Selon le ministère de l’Intérieur, ces affrontements ont causé près de 300 blessés, en grande majorité dans les rangs des forces de sécurité, et plus de 400 interpellations.
Une contestation sociale qui cible le gouvernement
Au-delà des incidents, le message des manifestants reste clair. « Le peuple veut la santé, l’éducation et qu’on lui rende des comptes », scandaient les foules à Rabat et Casablanca. Dans la nuit du 1er au 2 octobre, le collectif GenZ 212 est allé plus loin en appelant à la démission du gouvernement d’Aziz Akhannouch, accusé de ne pas répondre aux attentes populaires.
Une jeunesse marocaine en quête de justice sociale
Ce mouvement marque une étape importante dans l’histoire sociale du Maroc. À travers GenZ 212, une génération connectée, mobilisée et consciente de ses droits tente de faire entendre sa voix. Entre aspirations au changement, tensions avec les forces de l’ordre et volonté de rester pacifique, l’avenir de cette contestation reste incertain.
Mais une chose est claire : la Génération Z marocaine s’impose désormais comme un acteur incontournable du débat public.
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