À La Réunion, l’alcool est partout. Dans les anniversaires, les baptêmes, les pique-niques, les mariages… et parfois même au travail ou à la sortie d’école. Le rhum arrangé est devenu un symbole de l’hospitalité locale, la bière une compagne incontournable des après-midis en famille. Cette consommation fait-elle partie de la culture réunionnaise… ou cache-t-elle une dépendance que la société préfère ignorer ?
Un patrimoine revendiqué, mais à quel prix ?
La fabrication de rhum arrangé est un art à La Réunion. Chaque famille a sa recette secrète, transmise de génération en génération. Offrir un verre à un invité, c’est offrir un bout de son histoire. Mais cette fierté culturelle ne masque-t-elle pas une forme de banalisation inquiétante ? Car ici, « boire un coup » n’est pas réservé aux grandes occasions : c’est souvent quotidien, voire attendu.
Cette omniprésence soulève une vraie question : jusqu’où peut-on parler de culture, sans se demander si cette culture n’est pas devenue un automatisme toxique ?
Une réalité sanitaire et sociale alarmante
Derrière la convivialité apparente, les conséquences sont bien réelles. La Réunion connaît un des taux de consommation problématique d’alcool les plus élevés de France. Les hôpitaux reçoivent des patients jeunes atteints de cirrhoses, de troubles psychiatriques ou victimes d’accidents graves. Les violences intrafamiliales liées à l’alcool explosent dans certains quartiers.
Plus inquiétant encore : dans certaines familles, l’alcool fait partie de la routine. On boit devant les enfants, on boit pour oublier, on boit parce qu’on ne sait plus faire autrement. La souffrance se transmet en silence, dans une ambiance où « boire » est devenu normal.
Les jeunes, victimes ou acteurs du changement ?
Les jeunes Réunionnais grandissent dans cet environnement. Beaucoup voient dans l’alcool un rite de passage, un moyen d’exister, d’appartenir au groupe. Les réseaux sociaux amplifient encore cette vision festive et désinhibée. Pourtant, certains jeunes osent dire non. Ils créent des événements sobres, parlent ouvertement des ravages de l’alcool, brisent les tabous familiaux.
Ce sont eux, peut-être, qui posent aujourd’hui les bonnes questions : pourquoi boire systématiquement ? Pourquoi associer fête et alcool ? Et pourquoi est-ce si difficile de refuser un verre sans passer pour un marginal ?
Repenser notre rapport à l’alcool
Il ne s’agit pas d’effacer la culture réunionnaise ni de stigmatiser ceux qui aiment trinquer. Il s’agit de réfléchir ensemble. Peut-on être fier de nos traditions sans en faire des excuses pour des comportements nocifs ? Peut-on transmettre autre chose à nos enfants qu’une relation dangereusement insouciante à l’alcool ?
La sobriété volontaire, l’éducation bienveillante et l’exemplarité peuvent ouvrir la voie à un nouveau rapport à la fête, plus libre et plus sain. Boire devrait être un choix, jamais une obligation sociale ou culturelle.
🚨🍍 Et vous, pensez-vous que l’alcool fait partie de notre identité ou qu’il est temps d’en redéfinir les contours ?
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