Face à la montée de l’insécurité dans certains quartiers, une initiative originale prend racine à Bois‑de‑Nèfles, dans les hauteurs de Saint‑Denis. Cette approche, inspirée des Jardam (jardins d’amitié et de proximité), mise sur la prévention par le lien, plutôt que sur la répression.
À mi-chemin entre collectif de quartier et atelier de vie, l’idée des Jardam est simple : créer des espaces où les habitants se rencontrent, échangent, construisent ensemble. En encourageant la collaboration, la responsabilisation et l’entraide, ce modèle favorise un environnement plus serein, où l’insécurité diminue de fait.
La Serre pédagogique de Bois‑de‑Nèfles, gérée par l’association ALIE, illustre pleinement cette dynamique. Depuis 2015, ce chantier d’insertion mêle nature, éducation et mixité sociale : salariés en insertion, scolaires, habitants du quartier participent ensemble à l’entretien et à la transmission de savoirs liés à l’environnement.
Par ces rencontres régulières et ces projets partagés, se tisse un réseau de confiance entre voisins et usagers, qui joue un rôle de facteur de dissuasion, sans qu’aucune mesure sécuritaire classique ne soit nécessaire.
Le cahier de prévention de la délinquance publié par l’État souligne l’importance du lien social et de la citoyenneté dans les quartiers . Bois‑de‑Nèfles en vient à illustrer ce principe : en favorisant la coopération, l’écoute et l’appropriation collective de l’espace public, on agit directement sur les causes profondes du sentiment d’insécurité.
Si aucun chiffre officiel n’est encore publié, les retours des habitants indiquent une diminution des incivilités et des actes mineurs dans les espaces fréquentés. En transformant la serre en lieu de vie et de partage, l’association et les habitants de Bois‑de‑Nèfles montrent qu’un modèle préventif humain fonctionne et est apprécié.
Ce succès local pose une question : et si la prévention par le lien et les jardins partagés devenait une stratégie sécuritaire à part entière dans d’autres quartiers ? En favorisant la participation citoyenne et la valorisation du cadre de vie, on permet à chacun de se sentir autorisé à veiller sur son environnement, sans culture du soupçon.