Fini les cris à la piscine ou les jeux improvisés dans les couloirs ? À La Réunion, une nouvelle tendance touristique commence à faire parler : celle des hôtels et hébergements “no kids”, autrement dit réservés aux adultes. S’ils restent encore rares sur l’île, ces établissements attirent une clientèle en quête de calme, d’intimité et de prestations haut de gamme. Mais cette évolution soulève aussi des questions… et des tensions.

Les adeptes de cette formule mettent en avant une expérience plus sereine : pas d’animation enfantine, pas de pleurs à table, pas d’horaires décalés. Pour certaines femmes actives ou jeunes couples sans enfants, ces lieux représentent une parenthèse de détente totale, loin des obligations du quotidien. Dans le contexte d’un tourisme plus sensoriel et introspectif, le choix d’un hôtel “adult only” devient un acte de consommation assumé.

Mais cette tendance ne fait pas l’unanimité. Sur les réseaux, certaines mères dénoncent une exclusion déguisée. D’autres s’interrogent : « Est-ce qu’on veut vraiment créer une société où les enfants sont perçus comme des nuisances ? ». En toile de fond, un débat plus large sur la parentalité et la place des familles dans l’espace public émerge.

Pour les professionnels du secteur, il ne s’agit pas d’exclure, mais de diversifier l’offre. Avec une clientèle venue pour un voyage de noces, un anniversaire de mariage ou une retraite bien-être, ces établissements misent sur le luxe, le calme et la personnalisation. Certains affichent déjà des taux de réservation très satisfaisants, notamment sur des plateformes prisées des visiteurs métropolitains et européens.

Sur une île traditionnellement familiale, où le tourisme se veut inclusif et chaleureux, le modèle “no kids” reste marginal. Mais sa progression soulève des questions pertinentes : faut-il tout ouvrir à tous, ou peut-on créer des espaces pour des publics ciblés, sans discrimination ? Le débat reste ouvert, surtout dans un territoire où le vivre-ensemble est une valeur forte.

Plutôt que de voir s’opposer parents et non-parents, certains appellent à repenser l’accueil : zones calmes dans les hôtels familiaux, créneaux bien-être réservés aux adultes, ou encore séjours sur mesure selon les profils. Car si le silence peut être d’or, le bruit d’un enfant heureux fait aussi partie du paysage réunionnais.