Le créole réunionnais est une langue vivante, parlée au quotidien par des centaines de milliers d’habitants. Pourtant, lorsqu’on franchit les portes de l’école, de l’administration ou des institutions, il se retrouve souvent relégué au second plan, derrière le français. Cette situation interroge : faut-il donner une place plus importante au créole dans la sphère publique et éducative ?
Pour beaucoup de Réunionnais, le créole n’est pas seulement un outil de communication, c’est une identité, une culture et un lien intergénérationnel. Dans les cours de récréation, dans les familles ou sur les marchés, il domine largement les échanges. Mais dès qu’il s’agit d’écrire une demande officielle ou de passer un examen, le français s’impose comme la seule langue légitime.
Depuis plusieurs années, des associations et enseignants plaident pour un meilleur apprentissage du créole à l’école. Certains rappellent que valoriser la langue maternelle aide les élèves à mieux apprendre le français et à renforcer leur confiance. D’autres craignent au contraire que donner plus de place au créole nuise à la maîtrise du français, indispensable pour réussir dans le système national.
Dans les administrations ou les services publics, le créole est encore très peu utilisé. Les formulaires, affichages et sites internet restent presque exclusivement en français. Pourtant, dans d’autres territoires d’Outre-mer ou même en Europe, des langues régionales comme le basque, le catalan ou le corse cohabitent avec la langue nationale. Pourquoi pas à La Réunion ?
Au-delà de la pédagogie ou des formulaires administratifs, la question du créole touche à la fierté culturelle. Beaucoup estiment qu’il est temps de considérer cette langue comme un patrimoine à part entière, et pas seulement comme une langue “de la case” ou “de la rue”. La reconnaissance institutionnelle pourrait renforcer le sentiment d’appartenance et participer à préserver une richesse linguistique unique.
Le débat reste ouvert : doit-on renforcer la place du créole dans les écoles et institutions ? Ou faut-il continuer à lui donner une place surtout dans la sphère familiale et culturelle ?
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