Autrefois omniprésente dans les forêts réunionnaises, la Perruche verte des Mascareignes (Alexandrinus eques) a disparu de l’île vers la fin du XVIIIᵉ siècle, victime de la déforestation massive et de la colonisation. Mais un vent d’espoir souffle : un projet ambitieux de réintroduction pourrait bientôt redonner ses couleurs à ce joyau ailé du patrimoine naturel de La Réunion.
Un projet de réintroduction alliant écologie et patrimoine
Portée par la Société d’Études Ornithologiques de La Réunion (SEOR), cette initiative vise à rétablir un maillon essentiel de l’écosystème.
La Perruche verte joue en effet un rôle majeur dans la dispersion des graines de grands arbres endémiques tels que le Grand Natte, le Takamaka ou le Bois de Pomme. Ces espèces forestières, privées de leurs dispersants naturels (tortues géantes, perroquets, perruches), peinent aujourd’hui à se régénérer.
Au-delà de l’enjeu écologique, ce projet représente aussi une reconnexion avec le patrimoine disparu de l’île.
De l’extinction à la survie in extremis
Historiquement, La Réunion abritait quatre espèces de perruches et perroquets, toutes éteintes.
À Maurice en revanche, la Perruche verte a survécu de justesse : dans les années 1980, il ne restait qu’une douzaine d’individus. Grâce à une mobilisation internationale et à une protection stricte, la population atteint aujourd’hui environ 850 individus.
C’est cette réussite qui ouvre désormais la voie à une recolonisation progressive de La Réunion.
Une opération délicate et encadrée
Une centaine de perruches devrait être relâchée progressivement dans la forêt protégée de Mare Longue, à Saint-Philippe.
Avant leur réintroduction, les oiseaux passeront par une quarantaine sanitaire stricte afin d’éviter tout risque de propagation de maladies.
La coopération entre La Réunion et Maurice est un pilier central du projet, qui s’inscrit dans une logique régionale de conservation.
Budget, enjeux et débats
Avec un budget d’environ un million d’euros sur six ans, ce projet nécessite :
- Des ajustements réglementaires (arrêtés sur les espèces protégées et réintroductions en milieu naturel).
- Une consultation locale et nationale pour associer habitants, institutions et associations.
Si certains expriment des réserves (coûts, risques d’échec), les défenseurs du projet rappellent qu’il s’agit d’une opportunité unique de réparer une perte écologique majeure.
Un symbole d’espoir pour la biodiversité réunionnaise
La réintroduction de la Perruche verte des Mascareignes pourrait contribuer à :
✅ Restaurer l’équilibre écologique des forêts de basse altitude.
✅ Redonner une fonction de régénération naturelle aux arbres endémiques.
✅ Offrir à La Réunion une nouvelle vitrine de coopération scientifique et régionale.
Ce retour attendu serait bien plus qu’une simple réintroduction : un acte de résilience écologique et culturelle.
La Perruche verte des Mascareignes, disparue de La Réunion depuis plus de deux siècles, pourrait bientôt retrouver le ciel réunionnais grâce à un projet inédit mêlant science, écologie et mémoire patrimoniale.
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