À La Réunion, la vie chère n’est pas une expression : c’est un quotidien. En 2025, malgré quelques signes de ralentissement de l’inflation, les familles réunionnaises continuent de faire face à un coût de la vie plus élevé que dans l’Hexagone, en particulier pour l’alimentation, l’énergie, le carburant et le logement. Résultat : incompréhension, frustration et mobilisations sociales qui se multiplient.
2025 : des prix qui baissent… mais un ressenti toujours difficile
Au second semestre 2025, l’INSEE a observé une légère baisse de l’indice des prix :
- –0,7 % en août
- –0,7 % en septembre
Cette évolution s’explique notamment par :
- les soldes,
- la baisse des produits frais (–4,9 %),
- les produits manufacturés (–0,9 %),
- et certains services, particulièrement le transport saisonnier.
Mais sur une année entière, les hausses restent lourdes pour les ménages :
- +2,3 % sur l’alimentation,
- +2,8 % sur les services,
- +7,6 % sur le tabac.
Et surtout : les produits essentiels représentent une part bien plus importante du budget dans les foyers modestes. Pour beaucoup, même quand les chiffres baissent, le panier ne suit pas.
Bouclier Qualité Prix 2025 : un dispositif utile mais insuffisant
Le Bouclier Qualité Prix (BQP), dispositif phare contre la vie chère, fixe un prix plafond sur 175 produits du quotidien (alimentation, hygiène, entretien, bébés). Cette année, le panier a été élargi, avec même des discussions autour d’une TVA à 0 % sur certains items essentiels.
L’objectif : soulager les familles, garantir un accès équitable à certains produits et responsabiliser les distributeurs.
Mais les limites restent visibles :
- ruptures régulières de produits dans certains magasins,
- inégalités d’approvisionnement selon les communes,
- hausse globale du coût de l’importation qui annule certains efforts.
Pour de nombreux consommateurs, le BQP aide mais ne résout pas tout.
Mobilisations sociales : un ras-le-bol qui s’organise
Depuis début 2025, syndicats, associations et collectifs citoyens multiplient les actions contre la vie chère :
- manifestations,
- opérations “chariots vides” dans les supermarchés,
- pétitions,
- actions coordonnées sur le prix du carburant.
Les revendications portent sur :
- la flambée du carburant,
- le coût du logement,
- la dépendance aux importations,
- la nécessité de relancer la production locale.
Les acteurs économiques comme institutionnels sont désormais contraints de répondre, sous la pression d’une population qui refuse que la vie chère devienne une fatalité culturelle.
2026 : vers une transformation en profondeur ?
Malgré les mesures d’urgence, les Réunionnais attendent des changements structurels :
- davantage de production locale,
- une meilleure régulation des prix,
- un renforcement des contrôles,
- un modèle économique moins dépendant des crises internationales,
- une réforme du BQP, attendue comme plus ambitieuse.
2026 sera une année charnière : soit l’île enclenche une vraie transition économique, soit la fracture sociale risque de s’accentuer.
La vie chère reste l’un des défis majeurs de La Réunion. Si les baisses ponctuelles de prix ou l’élargissement du BQP offrent des respirations, elles ne suffisent pas à régler un problème ancien, amplifié par les crises mondiales et la dépendance aux importations. Face à ce défi, les familles réunionnaises, les institutions et les organisations citoyennes sont plus que jamais mobilisées.
Le combat continue, car le droit à une vie décente est non négociable.




















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