La Cour d’appel de Saint-Denis a connu un véritable coup de théâtre ce mercredi 12 novembre. Alors que devait s’ouvrir le procès en appel de Didier Robert dans l’affaire des emplois fictifs à la Région, l’audience a finalement été renvoyée au 15, 16 et 17 avril 2026, après une matinée sous haute tension.
Un élément inattendu est venu bouleverser toute la procédure : l’existence d’une ancienne enquête classée sans suite, totalement inconnue de la Cour.
Une matinée chaotique et des nullités en cascade
Dès le début de l’audience, les avocats de la Défense ont multiplié les exceptions de nullité pour contester la régularité de la procédure.
Mais le moment le plus marquant intervient en fin de matinée : les avocats de Vincent Bègue, l’un des prévenus, révèlent qu’une enquête précédente sur des emplois fictifs — menée en 2018 — n’a jamais été communiquée, ni aux prévenus, ni même à la Cour d’appel.
Cette enquête, classée sans suite, aurait pourtant donné lieu à l’audition de Vincent Bègue.
Un véritable “dossier fantôme”, dont personne — y compris la Cour — ne connaissait l’existence.
La colère de la Cour et l’embarras du ministère public
À la pause déjeuner, la procureure générale retrouve le fameux dossier manquant… et admet son malaise :
“Cela me met très mal à l’aise.”
Le président Jacques Rousseau, lui, est catégorique :
“Furieux. Et quand je dis furieux, c’est un euphémisme.”
Face à cette découverte, l’avocat de la Région plaide pour un renvoi immédiat, estimant qu’il est impossible de poursuivre sereinement dans ces conditions.
Plusieurs avocats demandent même l’annulation pure et simple du procès.
La procureure générale confie son impuissance :
“Je ne peux que tourner en rond comme un hamster dans sa roue.”
Le procès renvoyé, la lumière demandée sur l’enquête « fantôme »
Après délibération, la Cour d’appel décide de renvoyer le procès à avril 2026.
Elle exige du parquet général qu’il transmette à la Défense les conclusions de l’ancienne enquête, afin de garantir une procédure équitable et contradictoire.
Me Alain Rapady, défenseur de Vincent Bègue, rappelle qu’il évoque cette seconde enquête depuis 2023 :
“Ce que nous avons vécu aujourd’hui est assez baroque.”
Un dossier complexe, des tensions politiques en toile de fond
La matinée avait déjà été électrique : Me Creissen, avocat de Didier Robert, avait mis en avant d’éventuels liens entre l’ancien procureur Eric Tuffery et une proche de la maire de Saint-Denis, ce qui a déclenché une réaction cinglante de l’avocate générale.
Dans cette affaire tentaculaire, Didier Robert et dix autres prévenus sont poursuivis pour emplois fictifs, avec notamment l’embauche de 22 collaborateurs de cabinet jugés illégaux par la Chambre régionale des comptes.
Rappel : la relaxe en première instance
En première instance, la justice avait requis :
- 12 mois de prison avec sursis
- 5 ans d’inéligibilité
Mais l’ensemble des prévenus — dont Didier Robert — avaient été relaxés, faute de preuves suffisantes.
Une affaire loin d’être terminée
Avec ce renvoi inattendu, le dossier prend une nouvelle dimension.
La révélation d’une enquête oubliée soulève de nombreuses questions… et promet un procès en appel encore plus scruté par l’opinion réunionnaise.
Rendez-vous en avril 2026 pour la suite de cette affaire hors norme.






















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