Le coût de la vie est la préoccupation numéro un des Réunionnais. Un paradoxe économique frappe les ménages : alors que l’on voudrait privilégier les circuits courts et les produits locaux pour soutenir l’économie de l’île, il est souvent moins coûteux de remplir son panier avec des fruits, légumes ou viandes importés. Cette distorsion des prix interroge sur la structure de nos coûts et les marges des intermédiaires, suscitant la colère des consommateurs.
Le Paradoxe du « Manger Local »
L’argument en faveur du « Manger Péi » est simple : moins de transport, moins de pollution, plus de fraîcheur. Pourtant, en rayonnage, le consommateur est souvent confronté à une réalité cruelle.
Exemple criant : Il n’est pas rare de trouver des légumes importés d’Europe ou de Madagascar à un prix inférieur à celui des mêmes produits cultivés dans les Plaines. Le même phénomène est observé sur la viande, le poulet importé d’Europe ou du Brésil étant parfois plus abordable que la volaille élevée localement.
Ce choix financier forcé crée une frustration : comment soutenir les agriculteurs de l’île si l’alternative la moins chère vient de l’autre bout du monde ?
Les Facteurs qui Gonflent la Note Locale
Les professionnels du secteur évoquent plusieurs raisons pour expliquer ce coût élevé du « Péi » :
- Le coût des intrants : L’alimentation animale, les semences, les engrais et les équipements agricoles sont majoritairement importés, ce qui alourdit les coûts de production locaux.
- La taille des exploitations : Les petites et moyennes exploitations réunionnaises ont du mal à atteindre les économies d’échelle des grandes structures d’Europe ou d’Amérique du Sud, augmentant le prix de revient.
- Les marges de distribution : C’est le point le plus polémique. Les Réunionnais s’interrogent sur les marges appliquées par les grossistes et la grande distribution qui, selon beaucoup, ne répercutent pas suffisamment le gain lié à l’absence de transport maritime.
Faire le Choix du Portefeuille ou de l’Éthique ?
Le consommateur se retrouve piégé entre l’envie d’acheter local par fierté et conscience écologique, et la nécessité de finir le mois.
Cet article lance le débat : pour que le « Péi » devienne la norme et non l’exception dans nos paniers, faut-il instaurer un contrôle plus strict des marges, ou aider massivement les agriculteurs à réduire leurs coûts d’intrants ?






















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