Espèces invasives à La Réunion : une bataille cruciale pour la biodiversité

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La Réunion, perle de l’océan Indien classée au patrimoine mondial de l’UNESCO pour ses paysages naturels et sa biodiversité exceptionnelle, vit aujourd’hui un combat de longue haleine : celui contre les espèces invasives. Ces organismes introduits volontairement ou accidentellement bouleversent l’équilibre fragile des écosystèmes endémiques de l’île. Derrière la beauté apparente de certains animaux et plantes exotiques, se cache une menace silencieuse pour la faune et la flore réunionnaises.

Depuis plusieurs décennies, le grand gecko vert, le tulipier du Gabon, l’agame des colons et plus récemment la mouche bleue figurent parmi les envahisseurs les plus redoutés.

Le grand gecko vert : un prédateur venu de Madagascar

Introduit dans les années 1990, le grand gecko vert (Phelsuma grandis) s’est imposé comme un concurrent direct des geckos endémiques de l’île. Sa capacité d’adaptation et sa voracité menacent particulièrement le gecko vert de Manapany, espèce emblématique de La Réunion, aujourd’hui en danger critique d’extinction.

Outre la compétition pour la nourriture et les territoires, le grand gecko vert transmet également des parasites et des maladies. Face à cette invasion, un arrêté préfectoral autorise sa destruction, et plusieurs opérations de lutte sont en cours, notamment sur le littoral sud-est où survivent les dernières populations de gecko de Manapany.

Le tulipier du Gabon : l’ornement devenu fléau

Introduit dans les années 1950 comme plante décorative, le tulipier du Gabon (Spathodea campanulata) séduit par ses fleurs flamboyantes… mais menace les forêts réunionnaises. Classé parmi les 100 espèces exotiques les plus envahissantes au monde, cet arbre forme des peuplements denses qui étouffent la flore indigène.

Ses racines puissantes abîment également les infrastructures humaines, des routes aux canalisations. Déclaré interdit depuis 2019, il fait l’objet d’une campagne d’éradication depuis 2021, portée par le Parc national et plusieurs associations de protection de la nature. Ce qui fut jadis un symbole de beauté ornementale est aujourd’hui considéré comme un ennemi à abattre pour préserver les forêts réunionnaises.

L’agame des colons : un conquérant territorial

Originaire d’Afrique de l’Ouest, l’agame des colons (Agama picticauda) est arrivé à La Réunion à partir de 1995, transporté par les cargos. Très territorial et opportuniste, ce lézard s’est rapidement répandu dans tous les milieux de l’île, des zones côtières jusqu’aux Hauts de Cilaos.

Son impact écologique est considérable : prédation des petits reptiles et oiseaux, perturbation des chaînes alimentaires et transmission de parasites. Pour limiter son expansion, les autorités ont mis en place le plan opérationnel de lutte (POLAR), incluant des campagnes de sensibilisation et d’éradication.

La mouche bleue : une menace encore mal connue

Plus récemment, la mouche bleue – espèce invasive du genre Calliphora – a été identifiée comme un risque émergent pour La Réunion. Bien que moins étudiée que les autres envahisseurs, elle inquiète déjà les écologues par sa rapidité de reproduction, sa capacité de compétition avec les espèces locales et son rôle potentiel de vecteur de maladies. Son cas souligne l’importance d’une veille scientifique constante pour identifier rapidement les nouvelles menaces.

Une biodiversité en danger, une responsabilité collective

À La Réunion, près de 30 % des espèces végétales et animales sont endémiques, c’est-à-dire qu’elles n’existent nulle part ailleurs dans le monde. L’arrivée d’espèces invasives met en péril ce patrimoine unique. Au-delà de l’écologie, les impacts concernent aussi l’agriculture, la santé et l’économie locale.

Pour faire face, les réponses s’organisent :

  • Campagnes d’éradication (tulipier du Gabon, gecko, agame)
  • Sensibilisation du public pour éviter les introductions accidentelles
  • Partenariats entre État, collectivités, Parc national et associations
  • Recherche scientifique pour mieux comprendre et anticiper les invasions

La lutte est longue et coûteuse, mais elle est essentielle pour assurer un avenir à la biodiversité réunionnaise. Car chaque espèce perdue est une part de l’identité de l’île qui disparaît à jamais.

L’histoire de La Réunion avec les espèces invasives est à la fois un avertissement et un appel à l’action. Protéger les espèces endémiques, c’est protéger non seulement l’équilibre écologique de l’île, mais aussi son identité culturelle et naturelle. Dans cette bataille invisible, chaque habitant a un rôle à jouer : ne pas introduire de nouvelles espèces, soutenir les actions locales, et participer à la sensibilisation.

Préserver la biodiversité réunionnaise, c’est préserver l’âme même de l’île. 🌺🌍


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