Les territoires ultramarins français, tels que La Réunion, sont de plus en plus exposés aux aléas climatiques : cyclones plus fréquents ou violents, pluies extrêmes, submersions marines, glissements de terrain… Ces phénomènes ne sont pas nouveaux, mais leur intensification pose un défi inédit au secteur de l’assurance. Certains habitants parlent déjà de territoires devenant “inassurables” — non pas théoriquement, mais économiquement.
1 – L’augmentation des coûts climatiques
Le cyclone Garance en 2025 a coûté près de 380 millions d’euros aux assureurs Réunionnais, pour environ 68 000 sinistres. Ce niveau d’indemnisation massif exerce une pression forte sur le régime d’assurance : pour compenser de tels montants, les primes doivent augmenter, les couvertures peuvent être réduites, ou les assureurs devenir plus sélectifs quant aux zones couvertes.
2 – Le risque d’inassurabilité pour une partie de la population
À La Réunion, environ 30 % des logements ne sont pas assurés contre les dommages, selon l’Union Financière d’Assurance (UFA). Certains propriétaires jugent les assurances trop chères, surtout dans les zones exposées, ou bien renoncent à souscrire parce que les primes augmentent, et parce que les assurances refusent parfois certains risques.
3 – Facteurs aggravants : exposition climatique et vulnérabilité sociale
Les outre-mers cumulent plusieurs vulnérabilités :des territoires insulaires exposés directement aux cyclones et aux ouragans ;un bâti souvent ancien ou peu résistant aux normes modernes, d’où des dommages plus sévères ;des populations aux revenus moyens plus faibles, rendant le paiement des primes ou des sur-primes plus difficile.
4 – Vers quelles solutions pour préserver l’assurance ?
Plusieurs pistes existent pour tenter de maintenir l’assurance comme un outil viable :Adapter les normes de construction pour renforcer la résistance des bâtiments dans les zones à risque. Créer des mécanismes de mutualisation ou de solidarité entre territoires, pour répartir le coût des sinistres.Réformer les régimes “catastrophes naturelles” (CatNat) : ajuster les surprimes selon les zones, uniformiser les critères d’indemnisation, sensibiliser sur la prévention. Encourager l’assurance paramétrique ou d’autres formes d’assurance innovantes qui pourraient mieux gérer les coûts liés à des catastrophes fréquentes.
Conclusion
Le changement climatique pousse les assurances dans les territoires ultramarins à un tournant. Si rien n’est fait, les coûts deviendront tels que certaines zones — ou certains logements — deviendront véritablement inassurables. Pour La Réunion, cela équivaut non seulement à un problème financier, mais à une menace sur la sécurité, sur la possibilité même de reconstruire après une catastrophe. L’urgence est donc aussi politique. Agir maintenant pourrait éviter que l’assurance, jusqu’ici garant d’une protection sociale, ne devienne un luxe réservé à quelques-uns.
0 Comments