Depuis plusieurs années, les tensions sur le marché locatif réunionnais se font de plus en plus fortes. Face à une augmentation des loyers qui pèse sur les budgets des ménages, notamment dans les zones tendues, les autorités entendent agir : l’adoption d’un dispositif d’encadrement des loyers en outre-mer pourrait constituer un tournant.
Contexte et données
En 2024, le loyer moyen dans le parc locatif social à La Réunion était d’environ 6,5 €/m², avec des écarts selon les communes, le type de logement et son ancienneté.
L’augmentation constatée des loyers dans certaines communes dépasse très largement ce chiffre moyen, et les habitants ressentent une hausse “en deux ans” de l’ordre de 5 %, selon les témoignages locaux. (Cela s’inscrit dans une perception générale de montée des coûts.)
Le parc locatif privé (hors social) présente également des loyers très élevés dans des zones prisées, ce qui accentue la difficulté d’accès au logement pour les classes modestes.
Le dispositif d’encadrement des loyers : ce qui a été voté
Le 5 juin 2025, le Parlement a adopté à l’unanimité un texte proposé par Audrey Bélim, sénatrice de La Réunion, instaurant l’expérimentation de l’encadrement des loyers dans les Outre-mer.
Ce dispositif est mis en place pour 5 ans, et concernera 9 communes de l’île, toutes volontaires, situées dans des zones jugées “tendues” : Saint-Denis, Sainte-Marie, Saint-Pierre, Le Tampon, Saint-Louis, Entre-Deux, Saint-Paul, Le Port et La Possession.
L’encadrement vise à fixer des loyers de référence, interdisant aux propriétaires d’appliquer une exigence de loyer trop élevée par rapport à ces références. La hausse des loyers ne pourra dépasser un certain seuil – jusqu’à +20 % au-dessus du loyer de référence pour les nouveaux baux dans les communes concernées.
Enjeux et limites
Le dispositif ne s’appliquera que pour les nouveaux locataires dans les communes volontaires, ce qui exclut pour l’instant ceux déjà en bail, et les communes qui n’auront pas adhéré.
Certains propriétaires expriment des doutes : perte de flexibilité pour ajuster les loyers, complexité de mise en œuvre, crainte que cela dissuade les investissements locatifs.
Le succès dépendra aussi de la capacité à bien définir les loyers de référence, à assurer des contrôles, et à sanctionner les dépassements illégaux.
Ce que cela signifie pour les habitants
Pour de nombreux locataires, ce dispositif représente une lueur d’espoir : une barre de protection contre des hausses trop brutales et un outil pour stabiliser leur budget logement.
Cela pourrait également inciter les communes concernées à plus de transparence dans les loyers pratiqués, et à une meilleure information des locataires sur leurs droits.
Enfin, cela s’inscrit dans une démarche plus large de lutte contre la vie chère et de justice sociale pour les territoires ultramarins, souvent plus vulnérables aux fluctuations économiques.
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