La Réunion est en pleine bulle immobilière. Face à des prix d’achat qui ont grimpé de plus de 40 % en dix ans et des loyers qui étouffent les classes moyennes et populaires, le droit au logement est devenu le premier facteur d’inégalité sociale sur l’île. Entre la rareté du foncier, l’attractivité croissante des investisseurs extérieurs et un stock de logements sociaux largement insuffisant, l’île se transforme en marché inaccessible, forçant les jeunes et les familles à l’exil ou à l’endettement à vie.
La situation est critique. Dans l’Ouest et le Nord, il est désormais quasi impossible pour un jeune couple aux revenus modestes ou moyens de devenir propriétaire d’un T3 sans un apport colossal. Les logements neufs, souvent construits sous le régime de la défiscalisation, visent des investisseurs qui n’habitent pas sur l’île, retirant du marché les biens potentiels pour les habitants.
« Mon mari et moi, on gagne chacun le SMIC. On a cherché pendant un an et demi. Le seul T2 qu’on a trouvé, c’est à plus de 800 euros de loyer, en zone bruyante, » témoigne Sophie, 32 ans, vivant à Saint-Paul. « On travaille tous les deux, mais on vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. On a l’impression d’être condamnés à payer pour le rêve de quelqu’un d’autre. »
La spéculation, moteur de l’injustice
Le problème va au-delà de la simple construction. L’article pointe deux facteurs aggravants :
L’Attractivité des ‘Zoreils’ Riches : L’arrivée constante de nouveaux habitants venus de Métropole, souvent avec un pouvoir d’achat supérieur, fait flamber les prix sur des secteurs prisés (bord de mer, Ouest).
Le Manque de Régulation : La rareté des terrains constructibles est exploitée par la spéculation, faisant du foncier un placement plus sûr que n’importe quelle banque. Le logement social, quant à lui, est loin de répondre à la demande : des milliers de familles sont sur liste d’attente.
Pour désamorcer cette bombe sociale, l’urgence est triple : encadrer plus strictement les loyers dans les zones tendues, taxer plus fortement les logements vides (résidences secondaires d’investisseurs) et imposer un quota de logements accessibles (Prix Maîtrisé) dans tous les nouveaux programmes immobiliers.
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