François Bayrou n’est pas un novice en politique. Ancien ministre de l’Éducation nationale sous plusieurs gouvernements dans les années 1990, président du MoDem et soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, il a souvent incarné une voie centriste, à la fois républicaine, européenne et sociale. Après avoir été Haut-commissaire au Plan, son retour à la tête de l’exécutif en décembre 2024 comme Premier ministre, dans un contexte de majorité relative et de tensions institutionnelles, a marqué un tournant. En 200 jours, il a tenté de conjuguer stabilité budgétaire, réformes sociales et volonté de dialogue.
Voici les 10 mesures et orientations les plus marquantes de son début de mandat.
1. Budget 2025 adopté via l’article 49.3
Dans un contexte parlementaire instable, Bayrou a utilisé à deux reprises l’article 49.3 pour faire adopter la loi de finances et le budget de la Sécurité sociale. Cette décision, certes impopulaire, a permis d’éviter le blocage institutionnel et de maintenir une continuité dans l’action gouvernementale.
2. Objectif de déficit public ramené à 5,4 %
François Bayrou a affirmé sa volonté de restaurer la crédibilité budgétaire de la France, en ramenant le déficit public de 6,1 % à 5,4 % du PIB en 2025. Ce redressement progressif s’accompagne d’une prévision de croissance prudente fixée à 0,9 %.
3. Ajustement des arrêts maladie pour les fonctionnaires
Le taux d’indemnisation des arrêts maladie dans la fonction publique a été abaissé de 100 % à 90 %, sauf pour les accidents du travail ou maladies professionnelles. Le nombre de jours de carence reste inchangé. Une mesure critiquée par certains syndicats, mais présentée comme une réponse à la maîtrise des dépenses publiques.
4. Un « conclave » sur les retraites sans retour à 62 ans
Bayrou a réouvert le chantier sensible des retraites, non pas pour revenir sur la réforme de 2023, mais pour en corriger certains effets. L’idée : réunir patronat et syndicats dans un « conclave » pour discuter des ajustements possibles, tout en écartant fermement un retour à l’âge légal de 62 ans.
5. Vers une dose de proportionnelle aux législatives
En avril 2025, Bayrou a lancé des consultations sur la réforme du mode de scrutin. L’introduction d’une part de proportionnelle aux élections législatives serait une réponse au sentiment de déconnexion entre les citoyens et leurs représentants, mais suscite des réticences au sein même de la majorité.
6. Santé : hausse de l’ONDAM et réformes structurelles
Le Premier ministre a annoncé une hausse significative de l’ONDAM, notamment pour renforcer les moyens des hôpitaux, améliorer l’offre de soins de proximité, et développer le maintien à domicile. La démographie médicale reste une préoccupation majeure du gouvernement.
7. Santé mentale, grande cause nationale 2025
Dans la continuité de la politique de ses prédécesseurs, Bayrou a fait de la santé mentale une priorité nationale. L’objectif : renforcer la prévention, améliorer la prise en charge et lutter contre la stigmatisation, notamment chez les jeunes.
8. Avancées dans la politique du handicap
Des annonces concrètes ont été faites : remboursement intégral des fauteuils roulants, bilans d’activité physique pour les patients atteints de maladies chroniques, et organisation d’un comité interministériel dédié. Ces mesures marquent une volonté d’inclusion et de justice sociale.
9. Sécurité : restaurer l’autorité de l’État
Face à la montée des violences et à l’inquiétude des citoyens, Bayrou a musclé la politique de sécurité : coopération renforcée entre Justice et Intérieur, création de brigades de gendarmerie, et lutte ciblée contre les trafics, la délinquance des mineurs et le terrorisme.
10. Une feuille de route immédiate autour de quatre piliers
Lors de son discours au Conseil économique, social et environnemental (CESE), Bayrou a exposé un programme d’urgence articulé autour de quatre priorités :
- Amélioration du système éducatif,
- Accès renforcé aux soins,
- Simplification administrative,
- Désendettement et évaluation des missions publiques.
En six mois, François Bayrou a tenté de gouverner « au centre », dans un climat politique incertain. Son style, plus sobre que flamboyant, mise sur la concertation, l’arbitrage budgétaire, et une attention accrue aux enjeux de société. Reste à voir si cette méthode tiendra dans la durée, à mesure que les tensions sociales, écologiques et économiques s’intensifient à l’approche de 2027.
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