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Sur Arte, les enfants du Bumidom brisent le silence des pères

En 1974, Jean-René, un jeune Réunionnais de 17 ans, quitte son île natale pour la Bourgogne, emporté par les promesses du Bumidom, le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer. Cinquante ans plus tard, face à la caméra de sa fille Erika Étangsalé, ce père rompt enfin le silence.

Le documentaire Lèv la tèt dann fenwar (dont le titre créole signifie Lève la tête dans les ténèbres) explore avec une mélancolie contemplative ce dialogue entre une fille et son père. Les images en noir et blanc de La Réunion, ses paysages volcaniques et sa végétation luxuriante, contrastent avec les plans sobres et colorés de Mâcon, en Bourgogne, où Jean-René a passé sa vie d’exilé.

À travers ce récit intime, le film retrace l’histoire méconnue du Bumidom, qui organisa entre 1963 et 1982 l’émigration de milliers d’Antillais, Guyanais et Réunionnais vers la métropole. Beaucoup furent envoyés dans des emplois sous-qualifiés, confrontés à l’isolement et aux difficultés d’intégration. Le documentaire aborde avec sensibilité les non-dits familiaux, la perte de la langue créole et le difficile retour au pays natal, tout en évoquant l’héritage plus large de l’esclavage et de la colonisation.

Ce qui émerge, au-delà de la douleur, c’est une forme de réconciliation. En filmant son père, Erika Étangsalé lui donne une voix, mais aussi à toute une génération silencieuse. Le film, disponible sur Arte jusqu’au 7 novembre 2025, est une œuvre nécessaire, qui mêle mémoire collective et histoire personnelle avec une grande délicatesse.

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