Depuis plusieurs semaines, les témoignages se multiplient : aux urgences des hôpitaux de La Réunion, les patients attendent parfois des heures, voire toute une nuit, avant d’être pris en charge. Un problème qui n’est pas nouveau, mais qui semble s’aggraver au fil du temps, laissant les malades et leurs familles dans un profond sentiment d’abandon.
Pour beaucoup d’habitants, se rendre aux urgences est devenu une véritable épreuve. Certains racontent avoir attendu plus de six heures sur une chaise, parfois sans information sur leur état ou leur prise en charge. Des mères venues avec leur enfant fiévreux, des personnes âgées souffrantes, ou encore des blessés du quotidien : tous décrivent la même scène, celle d’un service débordé où le personnel médical court d’un patient à l’autre sans jamais suffire.
Du côté du personnel, le constat est tout aussi alarmant. Les soignants expliquent travailler dans des conditions intenables : manque de lits, manque de médecins, manque d’infirmiers. Chaque garde est un combat pour réussir à stabiliser les cas les plus graves, tout en essayant de ne pas laisser les autres trop longtemps dans l’angoisse. Beaucoup décrivent une « médecine de tri », où il faut décider qui sera soigné en premier, faute de moyens.
Cette saturation n’est pas seulement liée à un afflux ponctuel de patients. Elle révèle un problème plus profond : une population en hausse, des besoins de santé qui augmentent, mais des structures hospitalières qui n’ont pas été renforcées à la même vitesse. La Réunion, territoire insulaire, se heurte également à la difficulté d’attirer et de garder des médecins spécialistes, ce qui alourdit encore la charge sur les équipes en place.
« On est malades, mais on nous demande de patienter comme si on était en trop », témoigne une habitante de Saint-Denis. Ce sentiment d’injustice revient souvent : beaucoup estiment que les Réunionnais ne bénéficient pas du même accès rapide aux soins que dans l’Hexagone. Face à l’attente, certains renoncent même à rester aux urgences et préfèrent rentrer chez eux, avec tous les risques que cela comporte.
Les autorités de santé assurent travailler sur de nouvelles mesures : renfort de médecins, meilleure organisation des filières de soins, développement de la médecine de ville pour désengorger les urgences. Mais sur le terrain, les Réunionnais peinent à voir les résultats. Les soignants, eux, réclament surtout des moyens humains supplémentaires et une meilleure reconnaissance de leur travail, estimant que sans cela, la situation continuera de se dégrader.
Au-delà des chiffres et des réformes annoncées, la réalité reste la même : attendre des heures en souffrance est une atteinte à la dignité. Derrière chaque témoignage se cache une histoire humaine, un malade qui aurait besoin d’écoute et de soin immédiat. Tant que cette attente restera la norme, le malaise aux urgences continuera d’alimenter la colère et l’incompréhension des Réunionnais.
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