Le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de La Réunion est en état d’urgence permanent. Délais d’attente record aux urgences, annulations d’opérations faute de lits et exode silencieux des spécialistes : l’institution, pilier de la santé publique, craque de toutes parts. La faute à une double pression : une demande croissante liée au vieillissement de la population et une crise structurelle liée au manque de moyens et de personnel.
Le scénario est devenu quotidien : les urgences sont saturées, les brancards patientent dans les couloirs et le personnel soignant est épuisé. La principale raison est le manque de lits d’aval, c’est-à-dire l’impossibilité de faire monter les patients hospitalisés en service faute de place.
Le « désert médical » frappe l’hôpital
Contrairement à une idée reçue, le « désert médical » ne concerne pas seulement les cabinets de ville, mais aussi l’hôpital. La Réunion peine à attirer et à retenir les spécialistes (notamment en anesthésie, radiologie, et psychiatrie). Les jeunes médecins formés localement préfèrent souvent s’expatrier pour des conditions de travail moins pénibles et des salaires plus alignés sur leurs responsabilités.
« Nous faisons face à un déficit criant de personnel. Les postes sont là, mais personne ne veut venir ou rester sur des postes aussi exigeants, » déplore un représentant syndical du CHU. « C’est un cercle vicieux : l’épuisement des soignants restants mène à de nouveaux départs, et la qualité des soins s’en ressent inévitablement. »
Des conséquences dramatiques pour les patients
Cette surcharge a des conséquences directes sur la population :
- Délais de rendez-vous pour certaines spécialités qui dépassent parfois un an.
- Annulation de chirurgies non urgentes, augmentant la souffrance et le risque de complications pour les malades chroniques.
- Rétention des patients aux urgences pendant des heures, voire des jours, faute de place dans les étages.
Il est impératif que l’Agence Régionale de Santé (ARS) et l’État débloquent des moyens exceptionnels pour augmenter les capacités d’accueil, revaloriser les carrières hospitalières et garantir que le CHU, seule structure de référence pour de nombreuses pathologies complexes, puisse remplir sa mission sans mettre en danger les patients ou son personnel.
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