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Marine Le Pen, victime d’une décision de justice d’une iniquité paroxystique

Marine Le Pen, députée à l’Assemblée européenne, a recruté pendant de nombreuses années des assistants parlementaires. Chacun d’eux, lors de son mandat, a effectué la tâche qui lui était confiée au Parlement européen ; mais, n’étant pas lent d’esprit, chacun a meublé le temps qui lui restait à s’occuper du parti de sa patronne. Du reste, Marine Le Pen ne voulait pas que son assistant se tournât les pouces, bayât aux corneilles : elle l’a invité à régler quelques problèmes pour son parti, sachant que l’oisiveté est la mère de tous les vices. Sage résolution ! Je l’approuve totalement ; et pourtant, je n’ai jamais voté pour elle, et je ne l’envisage nullement. Tout simplement, comme elle, je veux qu’une loi soit aussi conforme à la légitimité, au simple bon sens.

Voyons un instant cette décision de justice d’une iniquité à son plus haut degré, d’une iniquité paroxystique. Marine Le Pen n’a pas détourné un seul euro des fonds européens. Ses assistants parlementaires ont tous réalisé leur mission pour l’Europe, et ils ont tout simplement meublé le temps qui restait à d’autres choses. Évidemment, l’assistant parlementaire lent d’esprit, presque bradypsychique, trouve son travail terriblement exténuant ; il trime rudement à faire sa tâche ; il se sent comme un autre Sisyphe. C’est tout à fait compréhensible quand on sait que, pour exercer cette profession, le niveau du certificat d’études primaires suffit ; et, dès lors, le député européen peut embaucher sa maîtresse, son fils, sa fille ou son cousin germain — ou non. Cette loi est loin d’être conforme au bon sens, n’en déplaise à un magistrat de Grenoble qui approuve le verdict émis à l’encontre de Marine Le Pen.

Dieu merci, la plupart des juges présentent des verdicts conformes à la légitimité, au bon sens, corrigent courageusement quelques lois des parlementaires et enrichissent la jurisprudence. Le fameux Dalloz, recueil des lois et décrets, est remis à jour tous les ans. Oui, chaque année, pour le bonheur des juges et des avocats, le Dalloz nouveau est arrivé, tout comme le beaujolais nouveau, lequel fait la joie des fins gourmets. Finalement, grâce à la jurisprudence, la barque de notre Marianne nationale est battue par les flots, mais ne sombre pas ; pour la circonstance, la devise de Paris convient à notre Marianne : Fluctuat nec mergitur.

Voyons enfin cette décision de justice qui a frappé durement Marine Le Pen et son parti, le Rassemblement national. C’est un séisme qui a été ressenti sur toute notre planète : le Kremlin a réagi, la Maison Blanche aussi. Un séisme d’une violence jamais connue ; celui que Pline le Jeune raconte à Tacite n’a dévasté que la région du Vésuve. Quant à Marine Le Pen, on lui inflige la mort politique : interdiction de briguer un mandat public pendant cinq ans, avec effet immédiat ; on lui a fait boire moralement la ciguë. Pour Socrate, il a bu ce breuvage réellement, et il s’est ensuivi ce qui devait fatalement s’ensuivre.

La cour d’appel, en raison du séisme ressenti sur toute la planète, annonce que le sort de Marine Le Pen sera réexaminé assez rapidement. Quel sera le nouveau verdict ? Nul ne le sait. Seulement, moi, petit journaliste participatif, j’ose marcher sur les pas de la brillante journaliste de son temps, Geneviève Tabouis : elle commentait le passé avec clarté et jetait un œil sur ce qui devait arriver : « Attendez-vous à savoir que… » et elle ne se trompait jamais.

Oui, je marche sur ses pas. Et j’ose dire, comme elle et suivant ses propres termes : attendez-vous à savoir que la cour d’appel permettra à Marine Le Pen d’être candidate à l’élection présidentielle prochaine et qu’elle sera au premier tour, mais qu’au second tour, la gauche et la droite s’unissant, c’est le dauphin d’Emmanuel Macron qui sera élu président de la République française.

Finalement, pour conclure, disons que la messe est dite : Ite missa est.

À Grenoble, le 4 avril 2025

Gérard Jeanneau, professeur de lettres classiques, toujours en activité à l’Université de Louvain

Nota bene :
Un juge, s’appuyant sur un article de loi qui enfreint le simple bon sens — et il en existe quelques-uns — se condamne lui-même à prononcer un verdict d’une iniquité paroxystique.

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