À La Réunion, l’eau est traditionnellement une richesse, mais elle devient, dans certaines microrégions, un facteur de tension. Avec la multiplication des épisodes de sécheresse prolongée, notamment dans l’Ouest et le Sud, la « guerre de l’eau » n’est plus un concept lointain : elle oppose agriculteurs, qui ont besoin d’irriguer pour survivre, et habitants, confrontés aux coupures d’eau et aux restrictions. L’efficacité des retenues collinaires et l’état des réseaux de distribution sont aujourd’hui au cœur d’un débat vital.
Dans l’Ouest, notamment, le niveau du Bras de Cilaos ou des sources alimentant les retenues collinaires baisse dangereusement pendant la saison sèche. Cette situation met sous pression l’agriculture, qui utilise une part significative des ressources hydriques pour les cultures stratégiques comme la canne à sucre ou le maraîchage.
Des infrastructures défaillantes
Le problème n’est pas seulement climatique ; il est aussi infrastructurel. Le réseau de distribution d’eau potable de La Réunion est vétuste. On estime que des millions de mètres cubes d’eau potable sont perdus chaque année en raison de fuites dans des canalisations vieillissantes – un gaspillage colossal qui rend les restrictions d’autant plus insupportables pour les habitants.
De plus, l’efficacité et la capacité des retenues collinaires, destinées à stocker l’eau de pluie pour l’irrigation, sont remises en question. Le manque de nouvelles infrastructures de stockage et la pression démographique rendent l’île extrêmement vulnérable au changement climatique.
Face à cette menace, il est urgent d’engager un plan Marshall pour l’eau : rénovation des réseaux, développement de solutions alternatives (réutilisation des eaux usées traitées, sensibilisation accrue à l’économie d’eau), et une gestion plus équilibrée entre les besoins agricoles et ceux des ménages. L’eau ne doit pas devenir un luxe.
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