La Nouvelle Route du Littoral (NRL) est le chantier du siècle. Mais alors qu’elle approche (lentement) de sa finalisation, une question revient hanter les contribuables réunionnais : quel est le coût final réel de cette infrastructure pharaonique ? Initialement estimée à 1,6 milliard d’euros, la facture a explosé. Entre les surcoûts liés au manque de roches, aux contentieux juridiques et aux dernières péripéties climatiques, l’addition pourrait frôler, voire dépasser, les 3,5 milliards d’euros. Une saignée financière qui impacte durablement l’aménagement du territoire.
Le projet de la NRL est un symbole de la volonté politique, mais aussi un cas d’école en matière de dérapage budgétaire. Chaque événement inattendu — qu’il soit d’ordre géologique, météorologique ou administratif — s’est traduit par des avenants faramineux.
Surcoûts et contentieux : la spirale infernale
Le premier choc a été le déficit en roches massives. L’impossibilité d’exploiter les carrières initialement prévues, pour des raisons environnementales et de sécurité, a contraint le chantier à se tourner vers des solutions d’importation coûteuses et des méthodes alternatives, faisant grimper la note de plusieurs centaines de millions d’euros.
De plus, les contentieux entre la collectivité régionale et les différents groupements d’entreprises (principalement sur la fourniture de matériaux et les retards) continuent de se régler devant les tribunaux, avec des risques d’indemnités qui s’ajoutent à la facture finale.
« Chaque année de retard sur la NRL, c’est l’équivalent du budget annuel de plusieurs petites communes de l’île qui est englouti en frais de maintenance, en pénalités et en révisions de prix, » estime un économiste local, pointant du doigt l’impact sur les autres chantiers prioritaires (logement social, rénovation des routes secondaires, etc.).
Un héritage économique et environnemental lourd
Ce gouffre financier a des conséquences directes sur les finances de La Réunion : il monopolise des fonds publics qui pourraient être injectés dans d’autres secteurs stratégiques, comme la transition écologique ou l’amélioration des transports en commun.
Alors que les dernières sections du viaduc s’achèvent, la question n’est plus de savoir si la NRL sera un succès technique, mais plutôt si les bénéfices en termes de sécurité et de fluidité routière justifieront un jour le prix exorbitant payé par la collectivité. La NRL, avant même d’être complètement ouverte, laisse un héritage financier qui pèsera sur les générations futures.
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