Consommer local est un engagement que chaque Réunionnais se sent tenu de respecter. Pourtant, l’inflation galopante sur les produits agricoles de l’île rend ce choix de plus en plus difficile pour les familles. Entre la Vanille qui s’arrache à prix d’or, le kilo de litchi qui s’envole en période de fêtes, et même les légumes de saison dont le prix double en grande surface, la ‘consommation péï’ est en train de devenir un luxe réservé à une élite. Un paradoxe qui menace l’agriculture et le pouvoir d’achat.
Le coût de la vie à La Réunion est déjà l’un des plus élevés de France. Or, les produits locaux, censés être une alternative plus directe et moins coûteuse que l’importation, ne parviennent plus à jouer ce rôle. La hausse des prix est la conséquence de plusieurs facteurs complexes :
- Le coût de la main-d’œuvre : Le coût de revient de la production agricole locale est intrinsèquement plus élevé qu’en Asie ou en Amérique du Sud.
- La logistique interne : Les frais de transport et de conditionnement, même sur l’île, sont lourds et s’ajoutent à la facture finale.
- La rareté et la spéculation : Des produits emblématiques comme la vanille ou le l’ananas Victoria, recherchés à l’export, atteignent des prix qui les rendent inabordables pour le panier moyen réunionnais.
« J’aimerais acheter les fruits de saison directement au marché, mais quand je vois que les carottes importées sont 50 centimes moins chères, je n’ai pas le choix, » confie une mère de famille au Port. « Consommer local, c’est devenu un acte militant, pas une question de budget. »
Le risque de délaisser la production locale
Ce déséquilibre tarifaire crée un risque majeur : si les consommateurs se détournent des produits locaux jugés trop chers, ils se rabattront sur l’importation. Cela met en péril la survie des petites exploitations agricoles réunionnaises, fragilise la souveraineté alimentaire de l’île et affecte la qualité des produits consommés.
Pour inverser la tendance, des mesures incitatives sont nécessaires : subventionner davantage les circuits courts, plafonner les marges des intermédiaires sur les produits de première nécessité, et sensibiliser les Réunionnais au coût réel de la qualité et de la fraîcheur. Sans une intervention forte, l’identité gustative de l’île pourrait être réservée aux touristes et aux plus aisés.
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