Alors que le marché mondial du cannabis thérapeutique et du chanvre industriel explose, l’île de La Réunion, riche d’un patrimoine génétique unique (le ‘Zam’ péï) et d’un climat agricole idéal, est en train de rater le coche. Des millions d’euros pourraient être générés par l’exportation légale, créant des centaines d’emplois. Mais entre les freins politiques et la peur des clichés, notre île se retrouve au banc de touche de cette nouvelle économie verte.
C’est un paradoxe frustrant pour une île qui cherche désespérément de nouveaux leviers de croissance. Partout dans le monde, le cannabis — utilisé à des fins médicales (CBD, THC contrôlé) et le chanvre (pour le textile, les bioplastiques, l’isolation) — est devenu une filière agricole de pointe et très lucrative. La Réunion a pourtant des atouts inégalables.
Un trésor génétique local laissé à l’abandon
L’île est historiquement connue pour ses variétés locales de cannabis, appelées « Zamal » ou « Zam » — un patrimoine génétique qui intéresse fortement la recherche pharmaceutique mondiale. Ces souches endémiques pourraient être la base d’une industrie d’exportation de pointe, contrôlée et sécurisée.
Les freins : entre clichés et lourdeurs politiques
Pourquoi ce retard ? Le premier obstacle est politique et idéologique. Le sujet reste fortement tabou, associé aux clichés de la consommation illicite.
Le Tabou Social : La peur de voir la légalisation thérapeutique déraper vers un usage récréatif freine les élus et la population. Les débats restent bloqués sur la moralité au lieu de se concentrer sur l’aspect économique et médical.
La Lenteur Administrative : Malgré les expérimentations nationales sur le cannabis médical, la mise en place d’une filière locale d’exportation (qui pourrait cibler l’Europe, l’Australie ou l’Asie) se heurte à une lourdeur administrative et à un manque de volonté politique forte pour encadrer et financer la recherche et la production.
Des millions d’euros en jeu
Le marché du chanvre industriel, lui, ne présente aucune ambiguïté légale et pourrait relancer l’agriculture dans les Hauts. On parle ici de millions d’euros potentiels pour l’exportation et de la création de centaines d’emplois non délocalisables dans la transformation, la recherche et l’agriculture.
Tandis que d’autres territoires français (comme dans l’Hexagone) et étrangers (comme l’Australie) avancent à grands pas pour capter ces marchés, La Réunion reste à la traîne. Le temps presse : si l’île ne se positionne pas rapidement, elle risque de devoir importer ces produits, transformant une opportunité locale en une dépendance extérieure.
Il est temps de dépasser les clichés et de considérer le « Zam » pour ce qu’il peut être : une filière d’excellence péï créatrice de richesse et d’innovation.
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