La Caisse Générale de Sécurité Sociale (CGSS) de La Réunion traverse une période de tensions marquées par des dysfonctionnements sérieux. Selon une intersyndicale composée de six syndicats, plus de 10 000 dossiers de retraite sont en attente, illustrant une fragilisation alarmante du service public chargé de protéger les plus vulnérables.
1. L’ampleur du retard : prestataires oubliés, retraités en souffrance
Les premiers témoignages sont poignants. Un assuré dont le dossier de retraite avait été déposé pour un départ prévu début 2024 affirme ne pas avoir reçu ses prestations alors que sa demande a été validée. Selon l’intersyndicale, ces retards, largement imputables à des “manques de moyens”, laissent des retraités sans ressources pendant plusieurs mois.
Cette situation ne semble pas isolée : les syndicats estiment que tous les services de retraite, d’arrêts maladie et de traitement des dossiers sociaux sont affectés par ces délais, aggravant la précarité de ceux qui comptent sur ces revenus et prestations pour vivre.
2. Causes structurelles : effectifs, moyens et pilotage
Davantage qu’un simple problème de surcharge, les dérives pointées relèvent d’un manque de ressources humaines et techniques. L’intersyndicale évoque l’absence de personnel suffisant pour faire face à l’afflux des demandes, surtout après l’évolution des procédures liées aux retraites.
À cela s’ajoutent des dysfonctionnements internes, tels que la perte de pièces justificatives, l’annulation d’élections professionnelles empêchant le fonctionnement normal des instances représentatives du personnel, générant un climat de travail difficile.
3. Effets sur les assurés : confiance, dignité et lendemain
Quand des retraités ne sont pas payés à temps, quand des dossiers restent indéfiniment en attente, c’est la dignité et la confiance dans les institutions qui s’effritent. Parmi les témoignages, on entend la peur liée à l’impossibilité de faire face aux dépenses courantes, à l’injustice de voir des droits reconnus mais non payés.
De plus, ce retard massif alimente les inquiétudes quant à l’importance de l’État-providence dans les territoires ultramarins, où les services publics sont souvent la dernière ligne de soutien pour les personnes âgées ou moins favorisées.
4. Vers une réponse urgente mais nécessaire
Face aux alertes syndicales, plusieurs pistes doivent être envisagées pour rétablir la qualité de service :
- Renforcer les effectifs, notamment dans les services retraite et arrêt maladie.
- Améliorer la gestion documentaire (numérisation, archivage fiable) pour éviter la perte de dossiers.
- Restaurer le dialogue social afin de garantir que les instances internes (élections, comités, etc.) puissent jouer leur rôle d’équilibre.
- Simplifier certaines procédures, alléger la paperasserie pour les assurés, pour réduire les délais.
Ce qui se joue à la CGSS de La Réunion n’est pas seulement une crise administrative, c’est un test de la résilience du service public local. Si rien n’est fait, les dérives pourraient devenir systématiques : retards qui s’éternisent, assuré·e·s laissés sans ressources, perte de confiance.
Le poids de la solidarité sociale repose sur ces institutions. Il est urgent que les pouvoirs publics interviennent pour rétablir la capacité de la CGSS à répondre efficacement, dans la dignité, aux besoins des Réunionnais.
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