Vendredi dernier, le tribunal correctionnel de Saint-Denis a jugé trois hommes pour leur implication dans l’un des plus importants trafics d’ecstasy jamais détectés sur l’île. Deux frères réunionnais et un complice basé en métropole auraient orchestré, entre 2021 et 2023, l’envoi de plus de 50 colis contenant chacun jusqu’à 1 000 cachets. L’enquête estime la valeur totale du trafic à près de 1,5 million d’euros.
L’un des frères aurait rencontré le fournisseur dans un bar à chicha à Saint-André avant que celui-ci ne parte étudier à Paris. Ce dernier achetait l’ecstasy sur le darknet et l’envoyait à La Réunion, où elle était écoulée localement. Une vingtaine de colis ont été interceptés par les douanes. La procureure a requis jusqu’à 7 ans de prison et une amende douanière de 338 000 euros.
Ce procès révèle une réalité plus large : La Réunion devient une plaque tournante pour les drogues de synthèse. Cocaïne, MDMA, LSD : les saisies explosent, tout comme les prix. Un cachet d’ecstasy se vend jusqu’à 25 € sur l’île, contre 5 à 10 € en métropole. Cette rentabilité attire les réseaux, souvent connectés à l’Europe et à l’île Maurice.
En 2023, les infractions liées aux stupéfiants ont bondi de 95 % à La Réunion. Les autorités multiplient les contrôles et alertent sur la montée en flèche de la consommation chez les jeunes. Le procès de ces trois trafiquants envoie un message clair : la justice réunionnaise ne laissera pas s’installer l’économie souterraine de la drogue.
Des affaires similaires en métropole
En métropole, des réseaux d’importation d’ecstasy et autres drogues de synthèse sont également démantelés régulièrement. Par exemple, en janvier 2023, une importante saisie de 22 kg d’ecstasy a eu lieu à Ivry-sur-Seine, dans le cadre d’une enquête sur la « Viet Connection », un réseau mafieux qui importait la drogue depuis les Pays-Bas et la République tchèque. Ces trafics montrent que la métropole reste un point central d’approvisionnement, avec des ramifications vers les territoires ultramarins comme La Réunion.
Ce dossier illustre combien La Réunion, autrefois relativement épargnée, est désormais au cœur d’un enjeu majeur de sécurité sanitaire et judiciaire, confrontée à des réseaux de trafic transnationaux qui exploitent la forte demande locale et les prix élevés pour écouler leurs marchandises. Le procès de ces trois hommes est un signal fort envoyé par la justice pour tenter d’endiguer ce phénomène aux conséquences sociales lourdes.