Au deuxième trimestre 2024, les infrastructures routières à La Réunion absorbent 71% des crédits de paiement du BTP, soit une hausse par rapport aux 57% de l’année précédente, pour un total de 65 millions d’euros investis, principalement sur les routes nationales (67% des crédits routiers) et départementales (20%). Ce choix vise à améliorer la mobilité dans une île congestionnée par le « tout automobile », où le réseau routier totalise 5 470 km mais reste moins dense qu’en métropole, entraînant embouteillages chroniques et surcharge des axes principaux. Cependant, face à un taux de pauvreté de 36% – deux fois et demie supérieur à l’Hexagone – et des besoins criants en logements (143 000 unités futures nécessaires), éducation et santé, ce déséquilibre budgétaire suscite un débat sur les vraies priorités.
Avantages des investissements routiers
Les routes nationales comme la Nouvelle Route du Littoral (NRL), ouverte partiellement en 2022 et empruntée par 85 000 usagers quotidiens, sécurisent les liaisons nord-ouest et résistent mieux aux aléas climatiques. Le budget régional 2025 prévoit 451 millions d’euros d’investissements, dont une part massive pour les transports (710 millions d’euros de projets en cours comme NRL et pont de l’Étang-Saint-Paul), stimulant l’emploi dans le BTP et désenclavant les zones rurales. Ces infrastructures soutiennent l’économie locale en fluidifiant les flux logistiques et en anticipant la croissance démographique.
Défis sociaux et alternatives négligées
Malgré ces bénéfices, le Département alloue son budget 2025 (1,4 milliard d’euros) prioritairement à l’aide sociale, l’éducation et l’aménagement, avec un accent sur la lutte contre les violences familiales et la création de places en EHPAD. La Région met l’accent sur l’éducation (252 millions d’euros restants pour lycées et formations), la cohésion sociale et 143 000 logements nécessaires pour résorber mal-logement et pauvreté, alors que 85% des demandeurs visent le locatif très social mais n’en obtiennent que 35%. Les transports en commun, utilisés par seulement 10% de la population, pourraient être boostés via des TCSP (110 km prévus) et un Réseau Régional de Transport Guidé, pour une mobilité durable sans surinvestir les routes.
Un rééquilibrage nécessaire ?
Ce tableau illustre le déséquilibre : les routes dynamisent le BTP mais négligent urgence sociale et transition écologique. Un rééquilibrage vers TCSP, logements et éducation, tout en maintenant l’entretien routier minimal, préserverait croissance et équité dans un contexte de contraintes budgétaires nationales (déficit 6,1% PIB en 2024). La Région Réunion doit trancher pour un développement humain durable.





















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