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Nestlé : l’eau minérale au goût de scandale d’État

Le 19 mai 2025, la commission d’enquête sénatoriale française a dévoilé un rapport accablant sur les pratiques illégales de Nestlé Waters, propriétaire des célèbres marques Perrier, Vittel, Hépar et Contrex. Le document met en lumière des traitements interdits appliqués à l’eau minérale naturelle ainsi qu’une collusion grave de l’État, qui aurait participé à la dissimulation des faits pendant plusieurs années.

 Des techniques interdites pour masquer la pollution

Depuis au moins 2020, Nestlé Waters aurait employé des procédés de microfiltration interdits par le droit européen, pour désinfecter ses eaux à la source, notamment à Vergèze (Gard), d’où provient l’eau Perrier. Ces traitements visaient à éliminer des contaminations bactériennes (comme E. coli) ou chimiques, dont des résidus de pesticides interdits tels que l’atrazine  bannie depuis plus de 20 ans.

Ces méthodes sont strictement interdites dans le traitement des eaux minérales naturelles, qui doivent être considérées pures dès leur émergence. Nestlé n’a cessé ces traitements qu’en août 2023, après une mise en demeure préfectorale intervenue le 7 mai 2025, bien après que les autorités aient été alertées.

Une dissimulation facilitée par les institutions

Le volet le plus inquiétant du rapport sénatorial concerne la complicité de l’État. D’après des échanges de courriels, des membres de l’Élysée, du ministère de la Santé et de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Occitanie ont été informés de la situation dès 2021.

Pire encore, ces acteurs auraient participé à l’édulcoration d’un rapport sanitaire : des mentions concernant les contaminations auraient été volontairement supprimées pour protéger l’image publique de Nestlé. Un fonctionnaire de l’ARS, en désaccord avec cette manipulation, a même refusé de signer la version finale du rapport.

 Enquête judiciaire et conséquences

En 2024, Nestlé Waters a accepté de payer une amende de 2 millions d’euros dans le cadre d’une convention judiciaire d’intérêt public, échappant ainsi à un procès pénal. Mais cette transaction n’a pas clos l’affaire : en février 2025, une enquête judiciaire a été ouverte pour “tromperie”, à la suite d’une plainte de l’ONG Foodwatch.

La commission sénatoriale parle d’un véritable “scandale d’État”, dénonçant une “stratégie de dissimulation organisée” et soulignant la rupture de confiance entre les citoyens et les institutions censées garantir la sécurité sanitaire.

 Quels risques pour la santé ?

Officiellement, aucun risque sanitaire immédiat n’a été reconnu par les autorités. Cependant, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) s’est inquiétée de la présence de PFAS (polluants éternels) et de résidus chimiques dans certaines analyses. Or, l’eau minérale est censée être intègre, sans aucun traitement chimique ou mécanique.

Ce scandale remet donc en question l’intégrité du label “eau minérale naturelle” en France, l’un des plus stricts en Europe.

 Et après ?

Le rapport préconise une réforme profonde du système de contrôle, avec une meilleure indépendance des agences sanitaires, une transparence accrue des entreprises, et un renforcement des sanctions en cas de manquement grave. Il appelle également à une surveillance accrue de l’industrie de l’eau en bouteille, particulièrement dans un contexte de méfiance croissante des consommateurs.

 Conclusion

Ce scandale, qui mêle santé publique, environnement, pratiques industrielles illégales et compromission de l’État, marque un tournant dans la perception des marques emblématiques de l’eau française. Plus que jamais, il rappelle l’importance d’une vigilance citoyenne et d’une presse libre pour faire la lumière sur ce qui est censé couler de source.

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