À La Réunion, la question du calendrier scolaire est loin d’être une formalité. Depuis plusieurs années, le sujet divise syndicats, parents, enseignants et autorités éducatives. Cette année encore, le projet de réforme du calendrier 2026-2029, présenté par le rectorat, a été largement critiqué lors du Conseil Académique de l’Éducation Nationale (CAEN) du lundi 24 juin 2025. Malgré une volonté affichée d’adapter l’année scolaire aux réalités climatiques locales, le consensus est loin d’être trouvé.
Le climat tropical de La Réunion impose des contraintes particulières : fortes chaleurs dès la rentrée de janvier, saison des pluies, conditions sanitaires dans les établissements scolaires. Le rectorat a donc tenté de proposer un nouveau calendrier dit “de synthèse”, censé prendre en compte ces réalités sans sortir du cadre légal imposé par le Code de l’Éducation. Il ne s’agit pas de bouleverser complètement l’année scolaire, mais plutôt de l’ajuster en jouant sur les dates de vacances.
Mais la proposition ne passe pas, notamment auprès des syndicats enseignants (UNSA, FSU, CGTR Éduc’action), des associations de parents d’élèves et même de plusieurs élus du CAEN. En cause : des vacances scolaires mal réparties, notamment la période de mai jugée incohérente, et l’impression d’un « bricolage » mal concerté. Beaucoup estiment que ce calendrier ne fait que répéter les erreurs du passé, sans réelle avancée sur le fond.
Les syndicats dénoncent aussi un manque de vision globale : au lieu d’une véritable réforme adaptée aux réalités réunionnaises, ils voient une simple tentative de faire « rentrer le calendrier dans les cases » de l’administration nationale, sans consulter suffisamment les acteurs de terrain.
Il faut dire que le rectorat a peu de marges de manœuvre. Toute modification du calendrier doit respecter les obligations nationales, notamment les dates des examens (baccalauréat, brevet, concours). Il est donc impossible de totalement réorganiser l’année scolaire sans l’accord du ministère de l’Éducation nationale. Cette rigidité empêche une véritable adaptation à la réalité locale, selon plusieurs membres du CAEN.
Au-delà des dates, c’est une question de fond qui se pose : peut-on continuer à imposer aux élèves réunionnais un rythme scolaire calqué sur la métropole, alors que les conditions climatiques sont radicalement différentes ? Les fortes chaleurs dès janvier, les périodes cycloniques, ou encore l’absence de climatisation dans la majorité des établissements posent un réel problème de confort et de concentration pour les élèves.
La réforme du calendrier scolaire à La Réunion met en lumière les limites de l’uniformité nationale face aux spécificités territoriales. Si tout le monde s’accorde sur la nécessité d’un calendrier mieux adapté, les propositions actuelles ne font pas l’unanimité. Entre cadre réglementaire contraint et réalité du terrain ignorée, la réforme semble à l’arrêt. Pourtant, c’est une question de justice éducative, de santé et de respect des conditions d’apprentissage. Pour avancer, il faudra sans doute aller plus loin que de simples ajustements techniques.