Après Garance, la banane péi fait son retour… mais à prix d’or sur les marchés réunionnais

Plus de cinq mois après le passage du cyclone Garance, les bananes péi réapparaissent timidement sur les étals des marchés de La Réunion. Mais la rareté se paie cher : jusqu’à 1,50 € l’unité, un tarif qui fait grincer bien des dents.

Des prix qui refroidissent les consommateurs

Au Petit Marché de Saint-Denis, ce jeudi matin, les prix affichés varient mais restent élevés. Sur certains stands, la banane jaune se vend à 1,50 € pièce. Ailleurs, à peine mûres, elles descendent à 1 €. Les plus mûres s’échangent parfois à 2 € les trois. Quant à la petite banane verte, il faut débourser environ 2 € pour cinq unités.

Pour Virgile, revendeur de fruits et légumes, la coupe est pleine : il a cessé d’en proposer à ses clients. « À 70 € la caisse de 100 bananes, c’est impossible. Les prix ne sont pas raisonnables », regrette-t-il. Même constat chez Isabelle, consommatrice fidèle : « On sait qu’il y a eu Garance, mais il y a six mois, on les achetait à 2 € les dix ! »

Une production encore fragile

Dans les bananeraies, la reprise est lente. À Beaumont, sur la commune de Sainte-Marie, Daniel Clain parvient à vendre ses fruits à 1 € l’unité, mais en quantités très limitées. « Na poin beaucoup pou écouler, 200 à 300 maximum », explique-t-il. La communauté tamoule, qui en achète pour les offrandes, maintient la demande, mais la majorité des consommateurs se limite à une ou deux pièces au lieu d’une main entière.

Le producteur détaille aussi les nouveaux coûts qui pèsent sur la filière : intrants agricoles, sacs de protection contre les maladies, mais aussi clôtures et caméras de surveillance pour prévenir les vols.

Entre patience et incertitude

Selon Daniel Clain, même lorsque de nouveaux régimes apparaissent, il faut patienter encore trois mois avant qu’ils soient prêts à être récoltés. « La production est très fragile, incertaine… la banane ne rapporte plus comme avant », confie-t-il.

En attendant que les volumes retrouvent leur niveau d’avant Garance, les consommateurs devront faire un choix : se priver… ou payer le prix fort pour savourer une banane péi.