Née à La Réunion, arrachée à son île et à ses parents, placée dans un foyer en métropole, Ghyslène Marin fait partie des « enfants de la Creuse ». Son récit, porté avec son fils Léo, exhume une page douloureuse de l’histoire française et réunionnaise.
C’est un pan de l’histoire réunionnaise qui commence à toucher de plus en plus le grand public, un traumatisme collectif longtemps tu. Ghyslène Marin avait trois ans lorsqu’elle est arrachée à son île natale, La Réunion. Ses parents, selon les premières versions officielles, auraient mystérieusement disparu. Elle est placée en métropole dans un orphelinat, avant d’être adoptée par une famille où elle subit des violences physiques et psychologiques.
Ce n’est que bien plus tard, à l’âge adulte, que la vérité commence à émerger. Comme des milliers d’autres enfants réunionnais, Ghyslène a été déplacée entre 1962 et 1984 dans le cadre d’une politique orchestrée par l’État français, visant à repeupler des départements ruraux en métropole, touchés par l’exode rural. Parmi les principales destinations : la Creuse, la Corrèze, le Tarn… L’histoire de ces enfants déplacés est aujourd’hui connue sous le nom des « enfants de la Creuse ».
Dans « L’enfant du volcan », un livre poignant coécrit avec son fils Léo Marin, Ghyslène revient sur ce parcours de déracinement, d’abandon et de reconstruction. Un témoignage essentiel qui met des visages et des voix sur une politique d’État restée longtemps dans l’ombre.
Invitée du podcast Code Source du Parisien, Ghyslène Marin raconte son histoire au micro de Barbara Gouy, avec pudeur et courage. À travers son récit, c’est toute une génération d’enfants déplacés qui refait surface, rappelant l’importance de la mémoire, de la reconnaissance et de la réparation.
En 2014, un rapport parlementaire a reconnu la responsabilité de l’État. Mais beaucoup, comme Ghyslène Marin, attendent encore des excuses officielles. Et surtout, la fin du silence.
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