La plus vaste commune de l’île vient d’être récompensée à l’échelle nationale pour sa stratégie environnementale audacieuse. Une reconnaissance qui salue plus de vingt ans de lutte patiente pour redonner vie à un littoral malmené.

Parvenir à faire revenir une flore indigène disparue, offrir aux tortues marines des plages où nidifier en paix, et mobiliser toute une population autour d’un projet environnemental : tel est le pari gagné par la Ville de Saint-Paul. Ce mercredi 21 mai 2025, la municipalité a reçu le Prix Thomas Joly – Coup de cœur du jury pour la biodiversité, une distinction nationale qui récompense les collectivités engagées dans la restauration écologique des milieux littoraux.

La démarche débute en 2002, sur la plage des Brisants. À l’époque, l’urgence est déjà là : recul du trait de côte, prolifération des espèces invasives comme le Prosopis, disparition progressive des espèces végétales locales. Plutôt que de recourir à des solutions techniques massives, la commune opte pour une reconstitution patiente du haut de plage.

Cette stratégie écologique s’appuie sur trois piliers : l’arrachage d’espèces invasives, la replantation d’arbres et arbustes indigènes, et l’implication des habitants. Soutenu par la CDC Biodiversité via le programme Nature 2050, le projet a permis récemment :

• l’arrachage de Prosopis sur plus de 300 mètres linéaires,
• la plantation de plus de 600 arbres locaux,
• la reconquête de 1,5 hectare de littoral,
• et le retour d’espèces végétales protégées, comme Cyperus stolonifer.

La remise du Prix Thomas Joly ne vient pas simplement récompenser une politique publique, mais un engagement collectif. Comme le souligne la Ville dans son communiqué : « Ce prix met à l’honneur les habitants, les enfants, les agents municipaux et les partenaires qui font vivre la transition écologique au quotidien. »

Ce même jour, un atelier de plantation a réuni sur la plage de l’Hermitage les enfants des accueils périscolaires, les agents municipaux et les partenaires techniques. Ce chantier participatif a été aussi l’occasion d’échanger sur les enjeux de biodiversité, de personnaliser les tuteurs des jeunes plants et de donner du sens à l’action. En parallèle, une opération de nettoyage de la plage a été menée dans le cadre de la campagne nationale Mégothon, pour sensibiliser à la pollution par les mégots.

L’atelier s’est inscrit dans le cadre d’Uniday, une journée consacrée à la jeunesse et au climat. Saint-Paul, labellisée Ville amie des enfants par l’UNICEF, fait de l’éducation à l’environnement une priorité. Ici, les enfants sont vus comme des acteurs de la transition, et non de simples bénéficiaires.

En apprenant à reconnaître les plantes endémiques, à planter un arbre ou à comprendre l’impact d’un mégot sur un écosystème, la jeune génération devient pleinement impliquée dans la construction d’un avenir durable pour l’île.

Saint-Paul est une commune singulière : elle s’étend sur plus de 24 400 hectares et accueille plus de 107 000 habitants. C’est aussi l’un des principaux pôles touristiques de La Réunion, avec des plages emblématiques comme Boucan Canot ou Roches Noires.

Depuis 25 ans, ces plages bénéficient du label Pavillon Bleu, gage de qualité environnementale et de bonne gestion. Cette constance témoigne d’une stratégie claire : faire de la valorisation écologique du territoire un levier d’attractivité touristique et de résilience locale.

Dans un contexte de changement climatique global et d’érosion côtière rapide à La Réunion, Saint-Paul montre la voie. Loin des slogans ou des opérations ponctuelles, la Ville articule écologie, pédagogie et participation citoyenne.

Le Prix Thomas Joly reçu cette année est plus qu’une médaille : il consacre un modèle réunionnais de transition écologique, ancré dans la réalité, porté par ses habitants, et inspirant pour d’autres collectivités ultramarines.