Chaque hiver austral, elles reviennent. Majestueuses et insaisissables, les baleines à bosse croisent au large de La Réunion, offrant aux regards des curieux la danse lente de leurs caudales fendues. Mais derrière ce spectacle poétique, une traque scientifique s’organise — silencieuse, méthodique, et désormais ouverte à tous. Son nom : KODAL.

Lancé par l’association Globice, ce programme de science participative propose aux photographes amateurs comme chevronnés de contribuer activement à l’identification des baleines qui peuplent l’océan Indien. L’outil de reconnaissance ? Une photographie, et pas n’importe laquelle : la face ventrale de la nageoire caudale, dont les motifs et cicatrices font office d’empreinte digitale pour chaque cétacé.

« Chaque cliché est un indice. Il peut relier deux saisons d’observation, voire deux îles. C’est une mémoire en image, essentielle pour comprendre les parcours migratoires », explique un chercheur de Globice.

De l’observation à la base mondiale

Grâce au formulaire en ligne accessible sur globice.org/kodal, chacun peut envoyer ses meilleures images. Une procédure simple, mais rigoureuse :

• Sélectionner les photos les plus nettes, où la caudale est visible en entier,
• Recadrer autour de la nageoire,
• Envoyer deux clichés maximum par individu,
• Et, en cas de première observation… proposer un prénom.

Les données ainsi collectées ne restent pas à quai. Elles sont intégrées à Happywhale, la plus vaste base de données mondiale de photo-identification de baleines à bosse. Un cliché pris à Saint-Leu peut ainsi révéler une connexion avec Mayotte, Madagascar ou l’Antarctique.

Une aventure collective

En mobilisant la société civile, KODAL ouvre la recherche scientifique à tous ceux qui croisent la route de ces géants marins. Une photographie devient une donnée, un souvenir devient une trace, et un citoyen devient acteur du savoir.

Pour ceux qui hésitent encore à lever l’objectif, l’équipe de Globice assure un accompagnement personnalisé. Une adresse e-mail est à disposition pour toute question : kodal@globice.org.

« Nommez-la, vous l’avez découverte »

Il est rare de pouvoir dire : « J’ai découvert une baleine. » Grâce à KODAL, cette phrase devient possible. Elle porte en elle l’émotion d’une rencontre, la responsabilité d’un témoin, et l’engagement silencieux d’un photographe pour la sauvegarde d’un monde fragile.