En 2024, La Réunion a fait un pas important dans la gestion de ses déchets : +5 % de recyclage dans les filières REP, soit plus de 63 000 tonnes collectées sur l’année. Une progression bienvenue dans une île où la question de l’autonomie en gestion des déchets est plus cruciale que jamais.
Mais derrière ce résultat positif, un enjeu de taille se détache : les batteries au lithium-ion, omniprésentes dans nos voitures électriques et dans les installations solaires qui se multiplient partout sur l’île.
Un nouvel outil pour gérer un déchet… explosif
Les batteries lithium-ion ne ressemblent à aucun autre déchet. Instables, sensibles aux chocs, dangereuses en cas de mauvaise manipulation, elles sont parmi les plus complexes à traiter.
Depuis un an, un pas décisif a été franchi : Suez Réunion a ouvert à Saint-André un atelier capable de démanteler et conditionner ces batteries directement sur place.
👉 Une première pour La Réunion, où ces opérations étaient auparavant quasi impossibles.
« Ces batteries sont particulièrement dangereuses à transporter », explique Hervé Madiet, président des activités recyclage et valorisation du groupe Suez dans l’océan Indien. Grâce à ce nouvel atelier, l’île peut enfin préparer ces déchets sensibles aux normes exigées pour l’exportation.
Première exportation mi-décembre
En 2024, 3 495 tonnes de batteries lithium-ion ont été récoltées à La Réunion.
À partir de la mi-décembre, les premières cargaisons pourront quitter l’île en toute sécurité, direction les rares usines métropolitaines capables de les traiter.
Un soulagement, mais pas sans complexité :
- Les bateaux acceptant cette cargaison sont rares
- Le coût de transport est élevé
- Le processus d’exportation est long
Malgré cela, la machine est lancée — et elle arrive juste à temps.
Voitures électriques, solaire… un marché en pleine expansion
La transition énergétique va démultiplier la présence des batteries lithium-ion dans nos foyers et nos entreprises.
Voitures électriques, champs solaires, solutions de stockage domestique : leur usage explose.
« Nous nous préparons à la transition entre les batteries au plomb et les nouvelles technologies », explique encore Hervé Madiet.
Autrement dit : les volumes de batteries à traiter vont croître rapidement, et La Réunion doit être prête.
Et après ? Le grand enjeu : le réemploi
Au-delà du recyclage, un mot devient central : réemploi.
Philippe-Alexandre Rebboah, président du Syndicat de l’Importation et du Commerce de La Réunion, insiste sur ce virage :
« Le prochain enjeu, c’est le réemploi pour éviter l’enfouissement et créer de la richesse et de l’emploi local. »
Les résultats existent déjà :
- 49 tonnes de jouets collectés en 2024
- 41 tonnes réemployées, soit un taux exceptionnel
La filière REP rassemble aujourd’hui 16 familles de déchets et 10 éco-organismes, et son expansion pourrait faire de l’île un modèle régional de gestion circulaire.
La Réunion progresse — clairement, nettement, durablement.
Mais la montée en puissance des batteries lithium-ion représente un défi crucial pour les années à venir.
Ce qui se joue maintenant dépasse la simple gestion de déchets :
👉 c’est notre capacité à anticiper, protéger notre îcosystème insulaire, créer des emplois locaux et réussir la transition énergétique.




















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