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La Réunion face à la pénurie de médecins : quand les patients attendent des mois pour un rendez-vous

Sur l’île de La Réunion, l’accès aux soins devient un véritable parcours du combattant pour de nombreux habitants. En cause : une pénurie croissante de médecins, notamment dans les Hauts et les zones rurales, où les délais pour obtenir un rendez-vous peuvent atteindre plusieurs mois.

Une situation qui s’aggrave

Depuis plusieurs années, La Réunion fait face à un déséquilibre entre l’offre médicale et les besoins de la population. L’Agence régionale de santé (ARS) classe de nombreuses communes de l’intérieur comme étant en “zone d’intervention prioritaire”, un statut qui reflète une densité médicale insuffisante. Dans ces secteurs, il devient difficile de consulter un généraliste, et encore plus un spécialiste.

Selon les données publiées par l’ARS, La Réunion comptait environ 180 médecins pour 100 000 habitants en 2023, contre près de 340 en moyenne en métropole. Cette disparité est encore plus marquée dans certaines communes des Hauts, où plusieurs cabinets médicaux ont fermé ces dernières années, faute de successeurs.

Des délais qui s’allongent

Les patients doivent souvent faire preuve de patience. Pour un rendez-vous en dermatologie ou en ophtalmologie, les délais peuvent dépasser six mois. Même pour des consultations de médecine générale, certaines zones souffrent de listes d’attente, obligeant les habitants à se déplacer vers les grands centres urbains comme Saint-Denis ou Saint-Pierre.

Le recours aux urgences hospitalières devient alors une solution par défaut, ce qui contribue à leur engorgement.

Les causes de la désertification médicale

Plusieurs facteurs expliquent cette situation :

  • Le vieillissement de la population médicale, avec de nombreux départs à la retraite non remplacés.
  • Le manque d’attractivité de certains territoires, en particulier les Hauts, en raison de l’éloignement, du relief, et parfois de l’isolement professionnel.
  • La formation hors du territoire, la majorité des médecins réunionnais étant formés en métropole ou à l’étranger, sans garantie de retour sur l’île.

Des efforts en cours, mais insuffisants

Des dispositifs d’incitation existent, comme les aides à l’installation ou le développement de maisons de santé pluridisciplinaires. La télémédecine est aussi en cours de déploiement dans plusieurs communes. Toutefois, ces solutions peinent encore à répondre à la demande réelle sur le terrain.

L’Université de La Réunion, qui ne dispose pas de faculté de médecine complète, accueille depuis 2021 un cursus de formation en 3e cycle pour certaines spécialités, dans l’objectif de retenir davantage d’internes sur le territoire. Mais les résultats se feront sentir à moyen terme.

Vers une médecine à deux vitesses ?

Le risque d’une fracture sanitaire est bien réel. Dans les communes rurales ou isolées, certains patients renoncent à se soigner ou s’orientent vers des praticiens non conventionnés, aux tarifs parfois élevés. À l’inverse, dans les zones urbaines, l’offre reste relativement accessible, mais la pression ne cesse de croître.

Face à cette situation, professionnels de santé et collectivités locales appellent à des mesures structurelles plus fortes : développement de la formation locale, soutien renforcé aux jeunes médecins, et réorganisation du maillage territorial.

Un commentaire

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  1. On était encore moins nombreux e 1978 !!!
    Mais on prenait des gardes et on essayait d’être présents pour le maximum de patients chaque jours . On n’avait pas de récupération ni de congés maternité !!! Mais c’est vrai on se sentait utiles .
    Je pense que tout le monde peut remercier l’état Français et son numerus clausus qui a entraîné cette pénurie qui lése la population et la met en danger .

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