Un procès attendu s’ouvrira à la fin du mois d’août devant le tribunal judiciaire de Saint‑Denis : un médecin anesthésiste du GHER (Hôpital Gabriel Martin) de Saint‑Benoît est jugé pour homicide involontaire et faux et usage de faux, dans l’affaire du décès de Léonie Giraud, 79 ans, survenu le 29 mars 2015.
Arrivée aux urgences du GHER pour des douleurs abdominales, Mme Giraud, souffrant d’obésité, diabète et hypertension, avait déclenché une alerte après un électrocardiogramme révélant une tachycardie, signe d’un infarctus possible . Toutefois, le docteur Emad N., de garde cette nuit-là, a refusé de se déplacer. Il a estimé que le bilan pouvait attendre le lendemain, ce qui a conduit à la mort de la patiente à 5 h du matin .
Pire, le médecin aurait indiqué dans le dossier que la patiente avait été vu à 00h30, une mention aujourd’hui contestée : l’infirmière certifie qu’il ne s’est jamais déplacé à son chevet, ce qui explique sa mise en examen pour faux et usage de faux . L’instruction a mis en lumière neuf anomalies, dont la non‑venue du médecin et la falsification de son intervention .
Six mois après le décès, un courrier anonyme, accompagné de pièces internes du GHER, a mis au jour le scandale . L’ARS évoquait alors des « faits très préoccupants en termes de sécurité », sans que Mme Giraud ne soit mentionnée spécifiquement. Néanmoins, la commission d’indemnisation a estimé que l’absence de diagnostic immédiat représentait une **perte de chance d’éviter le décès d’environ 20 %**
Mis en garde à vue en mars 2019, le médecin a contesté avoir commis une faute grave. Il affirme que les éléments cliniques transmis ne permettaient pas un diagnostic d’infarctus, et argue avoir voulu corriger un horaire erroné sur le dossier. Il met également en avant des difficultés de formulation liées à son cursus en Égypte .
Dix ans après ce drame, la famille de Léonie Giraud attend toujours des réponses pour pouvoir tourner la page. Quant au praticien, désormais basé en métropole, il sera jugé le 29 août prochain. Ce procès promet d’éclairer non seulement les circonstances précises de ce décès, mais aussi les dysfonctionnements organisationnels répétés au sein du GHER.