Titouan Juan De Mendoza
Depuis le coup d’envoi de la saison 2022/2023, les terrains de football amateurs du Grand Est ont été le théâtre d’une petite révolution avec l’introduction d’un nouvel instrument de discipline : le carton blanc. Contrairement à ses célèbres homologues jaune et rouge, le carton blanc n’entraîne pas une exclusion définitive, mais plutôt une mise à l’écart temporaire de dix minutes en cas de contestation véhémente.
Dans l’univers bien établi des cartons, cette nouveauté pourrait susciter des interrogations. Toutefois, elle s’inscrit dans la continuité d’une démarche amorcée depuis plusieurs années par la Ligue du Grand Est de football (LGEF), visant à protéger l’image du football et des arbitres. Matthieu Lombard, cadre technique de l’arbitrage à la Ligue, souligne que le carton blanc n’est pas une révolution, mais plutôt l’évolution naturelle d’un processus de travail entamé il y a cinq ou six ans.
L’objectif principal du carton blanc est de lutter contre les contestations excessives, souvent à l’origine d’agressions verbales envers les arbitres. Contrairement aux cartons jaune et rouge, le carton blanc n’entraîne ni suspension ni amende pour le joueur. Il représente plutôt une mesure pédagogique et préventive, visant à rappeler aux joueurs les limites de la contestation acceptable.
Cette mesure est en vigueur pour les championnats de jeunes, ainsi que pour les niveaux R1, R2, R3 et les coupes du Grand Est. Elle intervient dans un contexte post-Covid marqué par une recrudescence de gestes de frustration et de protestation. Pourtant, il est souligné que la sanction n’est pas destinée à pénaliser les réactions instinctives et spontanées, mais plutôt à dissuader les comportements excessifs.
Le carton blanc a un statut particulier, étant non cumulable avec le carton jaune. Ainsi, un joueur qui reçoit un carton blanc ne sera pas exclu s’il écope également d’un carton jaune. De plus, si un joueur récidive en recevant un deuxième carton blanc, il pourra être remplacé à l’issue des dix minutes d’exclusion.
José Guerra, entraîneur de l’ES Molsheim/Ernolsheim (R1), considère que cette règle est une opportunité pour certains joueurs de prendre conscience des conséquences de la contestation excessive. Il souligne également que ses joueurs sont informés des règles et savent à quoi s’attendre. Cependant, il appelle à la prudence, notant que les arbitres doivent éviter d’abuser de cette nouvelle sanction.
Matthieu Lombard insiste sur le fait que l’objectif ultime est d’apporter davantage de plaisir aux spectateurs et aux joueurs. Il espère que le carton blanc ne sera pas distribué trop fréquemment, tout en reconnaissant que son utilisation dépendra du contexte de chaque situation.
Le carton blanc, déjà en vigueur dans la moitié des ligues de football en France, reste actuellement réservé au monde amateur. Quant à son éventuelle introduction dans le football professionnel, rien n’est encore décidé. Le futur dira si cet outil dissuasif fera son chemin vers les plus hautes sphères du football français.
